L Enseignement pour adultes en Espagne. Législation, projets et réalités (1838-1974) - article ; n°1 ; vol.49, pg 49-88
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L'Enseignement pour adultes en Espagne. Législation, projets et réalités (1838-1974) - article ; n°1 ; vol.49, pg 49-88

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Description

Histoire de l'éducation - Année 1991 - Volume 49 - Numéro 1 - Pages 49-88
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean-Louis Guereña
L'Enseignement pour adultes en Espagne. Législation, projets et
réalités (1838-1974)
In: Histoire de l'éducation, N. 49, 1991. pp. 49-88.
Citer ce document / Cite this document :
Guereña Jean-Louis. L'Enseignement pour adultes en Espagne. Législation, projets et réalités (1838-1974). In: Histoire de
l'éducation, N. 49, 1991. pp. 49-88.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1991_num_49_1_2457L 'ENSEIGNEMENT POUR ADULTES
EN ESPAGNE
Législation, projets et réalités (1838-1874)
par Jean-Louis GUERENA
Apparemment conscient de ses carences en matière de scolarisa
tion et des lacunes de l'alphabétisation, l'État espagnol tente assez tôt
de développer l'instruction des adultes, dont il semble saisir l'impor
tance, à côté de l'éducation des jeunes enfants, qui demeure bien
entendu prioritaire (1). Mais cet enseignement se développe en fait
sans moyens particuliers : il dépend uniquement des possibilités
financières des collectivités locales, de particuliers ou d'institutions,
et d'initiatives de type philanthropique. Les directives officielles se
contentent d'appeler à la multiplication de ces initiatives, qui vien
nent décharger d'autant un enseignement primaire insuffisant, inca
pable de scolariser l'ensemble des jeunes.
Les enquêtes et statistiques disponibles expriment en effet le
même décalage constant tout au long du XIXe siècle, entre popula
tion d'âge scolaire et population effectivement scolarisée (2).
Périodiquement, l'on se met à calculer le nombre d'écoles qui man
quent pour respecter les normes de la loi-cadre de 1857 établissant le
principe de l'obligation scolaire pour les jeunes de six à neuf ans.
Mais seul, un enseignement réellement obligatoire et gratuit, hors de
portée des moyens financiers et humains de la collectivité espa-
(1) Nous nous permettons de renvoyer le lecteur à notre travail « L'État et
l'École au XIXe siècle », École et Société en Espagne et en Amérique latine (XVIIIe-
XXe siècles), Tours, Publications de l'Université de Tours (Série « Études Hispaniques »,
V), 1983, pp. 49-61, ainsi qu'aux publications du C.I.R.E.M.I.A. (Centre Interunivers
itaire de Recherche sur l'Éducation dans le Monde Ibérique et Ibéroaméricain,
Université de Tours). Les divers textes espagnols ont été traduits par nos soins.
(2) J.-L. Guerena, « Pour une histoire de la statistique scolaire en Espagne au
XIXe siècle », Mélanges de la Casa de Velâzquez, t. XXIII, 1987, pp. 431-454, et t.
XXIV, 1988, pp. 235-254, et « Scolarisation et demande populaire d'éducation »,
Matériaux pour une histoire de la scolarisation en Espagne et en Amérique latine
(XVIIIe-XXe siècles), Tours, Publications de l'Université de Tours (Série « Études
Hispaniques », X), 1990 (sous presse).
Histoire de l'éducation - n° 49, janvier 1991
Service d'histoire de l'éducation
I.N.R.P. 29, rue d'Ulm - 75005 Paris 50 Jean-Louis GUERENA
gnole, pouvait prétendre venir à bout de la sous-scolarisation des
milieux populaires. Un noyau dur et constant, de près de douze mil
lions d'analphabètes, atténue largement les progrès certains, en
matière de scolarisation et d'alphabétisation, des jeunes Espagnols
tout au long du XIXe siècle.
L'on peut estimer le taux de scolarisation à la fin du XVIIIe
siècle à un peu plus de 23 % pour la tranche d'âge des 6-13 ans. Au
début du XIXe siècle, quelques années après la guerre d'Indépen
dance, ce taux tombe à 15 %, et c'est seulement vers la fin du règne
de Ferdinand VII (1814-1833) que l'on dépasse légèrement le taux
de 1797, avec un peu moins de 25 %. La politique éducative volont
ariste menée sous le règne d'Isabelle II (1833-1868) se traduit,
certes, par une progression sensible du taux de scolarisation, qui
passe à 34 % en 1846, et à plus de 40 % en 1855. Le nombre
d'écoles et d'élèves connaît une augmentation notable pendant la
deuxième moitié du XIXe siècle (17 170 écoles, 781 727 élèves en
1850 ; 29 776 écoles, 1 856 343 élèves en 1900), et plus particulièr
ement de 1846 à 1860. Mais la sous-scolarisation globale s'accom
pagne de fortes inégalités selon le sexe, la région et le milieu social,
que l'on retrouve dans l'importance et la persistance d'un fort taux
d'analphabétisme tout au long du XIXe siècle (3).
L'idée que la prospérité d'un pays dépend de l'état de son instruc
tion publique, déjà présente à l'époque des Lumières, est pourtant
désormais partagée, et commande l'apparition de la notion d'un «
minimum culturel » pour tous, l'enseignement primaire, général et
uniforme, obligation de l'Etat envers ses citoyens. Une analyse comp
arée des politiques éducatives menées au XIXe siècle permet de
constater la généralisation du modèle scolaire comme lieu de format
ion élémentaire et professionnelle, mais surtout de socialisation et
d'acculturation, panacée face aux déviations sociales.
La distinction entre enfants pauvres et ceux dont les parents peu
vent payer tout ou partie de la scolarisation, va alors servir de sup
port à la distinction de deux réseaux de scolarisation primaire :
l'école élémentaire, d'ailleurs souvent incomplète et réduite en fait à
l'enseignement de la lecture et de la religion pour les enfants des
classes populaires, et l'école supérieure, conçue comme tremplin
pour les autres niveaux d'enseignement. Les insuffisances notoires
(3) J.-L. Guerena, « Le Peuple et l'École. La demande populaire d'éducation au
XIXe siècle », L'enseignement primaire en Espagne et en Amérique latine du XVIIIe
siècle à nos jours.- Politiques éducatives et Réalités scolaires), Tours, Publications de
l'Université de Tours (Série « Etudes Hispaniques », VI-VII), 1986, pp. 83-98, et
« Analfabetismo y alfabetizaciôn en Espana (1835-1860) », Revista de Educaciôn,
Madrid, ns 288, janvier-avril 1989, pp. 185-236. L 'enseignement pour adultes en Espagne 5 1
du réseau scolaire élémentaire, même réduit à sa plus simple expres
sion, justifient donc la mise en place d'un enseignement pour adultes
ayant échappé à la scolarisation quelques années auparavant (4).
1. Les origines de l'enseignement des adultes vers 1840
Longtemps embryonnaire, l'enseignement pour adultes (c'est-à-
dire destiné aux adolescents âgés de plus de 14 ans) ne prend un
essor relatif en Espagne que vers la fin du règne d'Isabelle II. Peut-
on y voir un effet de la demande populaire d'éducation, qui se mani
feste également à cette époque dans les espaces de sociabilité
(cercles et athénées) ?
La première mention d'un enseignement spécifique pour adultes
dans la législation éducative se trouve dans le Règlement général
d'instruction publique de 1821, à propos de l'éducation féminine (5).
Mais c'est la loi de 1838 qui, la première, se réfère vraiment à des
écoles pour adultes, dans le même chapitre, d'ailleurs, que les écoles
maternelles (escuelas de pârvulos) (6).
La formulation utilisée laisse clairement entendre que ces écoles
existaient antérieurement à 1838. Les pouvoirs publics montrent
alors simplement leur intérêt pour ce genre d'initiatives, qu'ils sou
haitent voir se développer, mais ne précisent, ni dans le texte même
de la loi, ni dans les règlements qui l'accompagnent, la nature et la
fonction de ce type d'enseignement, qui semblent aller de soi. Le
Règlement des écoles publiques d'instruction primaire élémentaire
(4) Voir Felicidad Sanchez Pascua, La educaciôn de adultos en la legislaciôn
decimonônica espanola y su plasmaciôn en Badajoz, Câceres, Universidad de
Extremadura, 1989, 151 p. Parmi les études locales, voir également pour l'époque
considérée ici José Maria Hernandez Diaz, Educaciôn y Sociedad en Béjar en el siglo
XIX, Salamanca, Ediciones Universidad de Salamanca, 1983, pp. 129-140, et « Las
escuelas de adultos de Castilla-Leôn. Si

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