Science qui se fait, science qui s enseigne. À propos d un document sur l agrégation de sciences physiques, depuis 1869 - article ; n°1 ; vol.21, pg 37-58
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Science qui se fait, science qui s'enseigne. À propos d'un document sur l'agrégation de sciences physiques, depuis 1869 - article ; n°1 ; vol.21, pg 37-58

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Description

Histoire de l'éducation - Année 1984 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 37-58
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nicole Hulin
Science qui se fait, science qui s'enseigne. À propos d'un
document sur l'agrégation de sciences physiques, depuis 1869
In: Histoire de l'éducation, N. 21, 1984. pp. 37-58.
Citer ce document / Cite this document :
Hulin Nicole. Science qui se fait, science qui s'enseigne. À propos d'un document sur l'agrégation de sciences physiques,
depuis 1869. In: Histoire de l'éducation, N. 21, 1984. pp. 37-58.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1984_num_21_1_1208SCIENCE QUI SE FAIT, SCIENCE QUI S'ENSEIGNE
À propos d'un document sur l'agrégation de sciences
physiques, depuis 1869
par Nicole HULIN
L'historien de l'enseignement de la physique au XIXe siècle et au
début du XXe siècle, période qui voit une évolution rapide de la
science, est confronté à un problème classique : comment mesurer le
décalage entre la science enseignée et la science qui s'élabore ? Ce
décalage, qui existe nécessairement, dépend notamment du niveau de
l'enseignement considéré et peut être aussi le reflet des réticences des
physiciens vis-à-vis des idées nouveUes (1). Pour l'étudier, U est possi
ble de se reporter aux programmes, aux sujets d'examens et de
concours, aux manuels et traités de physique.
D'une manière générale, les traités de physique sont une précieuse
source d'informations ; toutefois, U faut prendre garde que certains
auteurs peuvent faire preuve d'un « modernisme » exceptionnel. Tel
(1) Au début du XXe siècle, divers jugements et critiques furent portés sur
l'état d'esprit des physiciens français de la fin du XIXe siècle dont était dénon
cée la méfiance à l'égard des théories (par exemple : H. Bouasse, « Développe
ment historique des théories de la physique »,Scienfia, vol. VII, 1910). Certains
y voient l'influence du positivisme (E. Picard, De la science, Paris, Alcan, 1910).
Toutefois, il faut souligner que E. Verdet joua un rôle très important pour la
diffusion des idées nouvelles en France, mais la mort l'emporta prématurément
(M. Brillouin, « Les débuts de la Société française de physique » dans Le livre du
cinquantenaire, Paris, Éditions de la Revue d'optique théorique et instrumentale,
1925). 38 Nicole HULIN
est le cas de P.A. Daguin qui écrit, en 1878, dans la préface de la 4e
édition de son traité (1) :
« ... lors de la pubUcation de notre 1ère édition en 1855, nous
avons le premier, dans un ouvrage classique, consacré quelques
pages à l'équivalent mécanique de la chaleur, U nous a été reproché
d'introduire dans l'enseignement des nouveautés qui n'avaient pas
encore reçu une sanction suffisante. »
Daguin ajoute que, devant le développement de la science, U ne
peut laisser ignorer aux lecteurs l'existence des « aperçus nouveaux
qui attirent à un haut degré l'attention du monde savant » en n'abor
dant toutefois qu'avec réserve la « partie spéculative de la science » et
en se « contentant le plus souvent d'indiquer les questions soulevées,
en marquant le point où l'on est arrivé, plutôt que d'en donner une
exposition étendue » . On peut remarquer aussi que les nouveautés
expérimentales, ceUes qui dépendent des performances techniques
(par exemple la Uquéfaction d'un nouveau gaz), sont introduites beau
coup plus rapidement que les nouveautés théoriques. À ce sujet,
Paul Langevin écrit en 1926 :
« Seules les théories ayant fait, au moins en apparence, leurs
preuves ont droit de cité dans nos Uvres classiques ; U en résulte
qu'en réalité, ceUes qui sont déjà périmées sont presque les seules
qu'on puisse y rencontrer tant est rapide encore le changement
continuel de nos idées les plus fondamentales. » (2)
Au début du XXe siècle, au moment de la discussion et de la mise
en place du plan d'études de 1902 pour l'enseignement secondaire, la
nécessité d'une révision des cours élémentaires de physique est ressent
ie et le problème de l'introduction des idées nouveUes est abordé.
L'inspecteur général Lucien Poincaré affirme nettement que « dans
l'enseignement élémentaire, on doit s'occuper de la science faite et
(1) P. A. Daguin (professeur à la Faculté des sciences de Toulouse), Traité
élémentaire de physique théorique et expérimentale, Paris, Delagrave, 1878,
t. 1, pp. VII et VIII.
(2) P. Langevin, conférence sur « La valeur éducative de l'histoire des scien
ces » (1926) dans La pensée et l'action, Paris, Éditeurs français réunis, 1950,
pp. 196-197. Science qui se fait, science qui s 'enseigne 39
non de ceUe qui s'élabore » (1). Pour H. Bouasse, U ne faut certes pas
être « à l'affût des moindres nouveautés » dans les cours élémentaires,
mais « U ne faut pas cependant s'encroûter dans une routine cente
naire » (2).
Une autre source d'informations, nous semble-t-U encore plus
précieuse, est l'ensemble des sujets donnés au concours d'agrégation,
qui permet de suivre, d'année en année, l'apparition des thèmes nou
veaux. Ce concours présente un intérêt tout particuUer puisqu'inter-
venant dans la formation des maîtres, U a une influence directe sur
l'enseignement secondaire. Or, U existe des documents manuscrits sur
l'agrégation de sciences physiques depuis 1869. Nous présenterons
dans cet article celui qui couvre la période 1869-1921, en proposant
un début d'analyse ; l'étude de ce genre de documents doit être comp
létée par ceUe des copies d'agrégation et des rapports de jury. Il est
important aussi de connaître les enseignements qui existaient et les
traités dont disposaient les candidats. De ce point de vue, les cours
de E. Verdet et de J. VioUe (qui fut l'élève de Verdet) sont à signaler,
puisqu'Us furent maîtres de conférences à l'École normale supérieure,
respectivement de 1848 à 1866 et de 1884 à 1895. Cependant, le
cours de Verdet présente un intérêt tout particuUer en raison de
l'influence qu'U a exercée sur des générations de physiciens. Les
témoignages en sont nombreux, qui émanent de Henri Sainte -Claire
DevUle, Marcel BrUlouin, Lucien Poincaré..). Par exemple, H. Bouasse
écrivait en 1914 :
« En France, depuis trente ans, nous manquons de professeurs...
Tous ceux qui ont pubUé des cours, ont lamentablement copié
Verdet, directement ou par intermédiaire. Ces messieurs n'ont
jamais pris la peine de repenser la science teUe qu'eUe se présentait
au moment qu'Us écrivaient : Us ont simplement aUongé Ver
det » (3).
Et H. Bouasse ajoutait même :
(1) L. Poincaré, « Les méthodes d'enseignement des sciences expérimental
es », Recueil des conférences au Musée pédagogique, 1904, p. 68.
(2) H. Bouasse, « Enseignement des sciences physiques dans l'enseignement
secondaire », Journal de l'enseignement secondaire, 1901 , p. 18.
(3) Préface « Sur quelques erreurs à éviter dans la rédaction d'un cours de
physique » dans Étude du champ magnétique, 1ère partie du cours de magnétis
me et électricité, Paris, Delagrave, 8e édition, 1937, p. VI. 40 Nicole HULIN
« Un étudiant qui saurait le cours de Verdet (pubUé en 1864)
passerait briUamment l'agrégation en 1913, après quinze jours
employés à se vernir de modernisme. Il serait sûr d'étonner les
juges par la profondeur de ses connaissances : Verdet était un
savant peu commun, qui depuis cinquante ans exerce plus d'influ
ence par ses cours que douze douzaines de physiciens ordinaires par
leurs mémoires » (1).
L 'agrégation de sciences physiques
Le service des « agrégatifs » (2) de physique de l'École normale
supérieure conserve dans ses locaux des registres où sont consignés,
depuis 1869, des renseignements concernant l'agrégation masculine
(3), de sciences physiques et, en particuUer, les sujets donnés au
concours (4).
Le premier registre existant, dont la rédaction a commencé en
1877, regroupe des informations sur l'agrégation depuis 1869. Tout <

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