194
pages
Français
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2021
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Ebook
2021
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2021
Nombre de lectures
80
EAN13
9782956354369
Langue
Français
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01 janvier 2021
Nombre de lectures
80
EAN13
9782956354369
Langue
Français
Chronique 2.qxp_Mise en page 1 06/02/2020 19:14 Page1
Chroniques étranges d’Afriki
CHRONIQUES ÉTRANGES
D’AFRIKI
Tome 2
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Chroniques étranges d’Afriki
2Chronique 2.qxp_Mise en page 1 06/02/2020 19:14 Page3
Mahoua S. BAKAYOKO
CHRONIQUES
ÉTRANGES D’AFRIKI
Tome 2
Les éditions Barrow
Abidjan (Côte D’Ivoire)
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Chroniques étranges d’Afriki
ISBN
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Chroniques étranges d’Afriki
A mes défunts géniteurs, les semeurs de cette graine ;
A mes illustres devanciers ;
A vous qui m’avez laissé la place sur le métier de la vie.
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Chroniques étranges d’Afriki
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Chroniques étranges d’Afriki
PREFACE
a chronique n’est pas un genre aisé. Elle est
contraignante et exigeante. Elle demande à son auteur de
grandes qualités. D’abord, le chroniqueur doit resterLaux aguets et être attentif aux pouls de la société afin
de ne rien manquer à l’actualité. Ensuite, il doit au milieu
de la foule de faits et évènements qui rythment les jours,
faire un tri pour capter le sujet qui peut intéresser le lecteur.
Cela demande de la perspicacité et de la dextérité. Enfin,
un bon chroniqueur doit avoir une belle écriture. Il doit
pouvoir proposer des textes qui plaisent, séduisent et
émeuvent. La chronique n’appartient pas exclusivement au
champ du journalisme, elle est un genre de la littérature. Elle
ne saurait, en conséquence, se mettre en marge des
préoccupations esthétiques, c’est-à-dire, de la quête du beau.
À cheval sur le journalisme et la littérature, l’auteur de
chroniques doit alors pouvoir réunir les qualités du
journaliste et de l’écrivain. De là, il vient que Mahoua mérite
une fière chandelle.
7Chronique 2.qxp_Mise en page 1 06/02/2020 19:14 Page8
Chroniques étranges d’Afriki
La chronique a une histoire en Côte d’Ivoire. Elle a
également eu son âge d’or, notamment dans la presse écrite.
Elle continue à faire des émules quand même bien aucun
auteur, aujourd’hui ne peut prétendre tirer le peloton de
tête de la chronique journalistique.
Mahoua Bakayoko, une écrivaine, a choisi depuis
quelques années de continuer l’œuvre de ses devanciers.
Elle a fini, par la force de sa plume, à inscrire son nom
parmi les chroniqueurs ivoiriens les plus lus et estimés. Le
canal choisi, tenez-vous bien, est Facebook. Le célèbre
réseau social réputé être un espace de banalités et
d’expression narcissique, sous la plume de Mahoua devient un
lieu de saillies et de narration sur divers sujets. L’accueil
favorable des critiques du premier tome du recueil
Chroniques étranges d’Afriki est le signe matériel que l’auteur
a fidélisé un important lectorat. Le genre qui a eu son
printemps grâce au talent de Bernard Dadié, Bernard Zadi
Zaourou n’est pas près de s’éteindre.
Le premier mérite de notre chroniqueuse repose sur la
diversité de ses sujets. Autant elle pose les problèmes
sociaux avec acuité, autant il lui arrive de caricaturer des
sujets de la politique et de la religion, deux univers agités,
où se déploient toutes les formes d’excès. Aucun sujet ne
lui est tabou : l’éducation, les relations humaines, la
politique, la musique ou la religion.
Par ailleurs, Mahoua Bakayoko flétrit l’hypocrisie, la
jalousie, la mégalomanie, la méchanceté et toutes les tares
qui mettent en cause la cohésion de la société africaine.
Citoyen ordinaire ou femme d’affaires, figure anonyme,
po8Chronique 2.qxp_Mise en page 1 06/02/2020 19:14 Page9
Chroniques étranges d’Afriki
liticien ou religieux, Mahoua cherche la faille et les travers
pour les exposer.
À ce sujet, les chroniques « Mogoba » et « Pasteur huile
de moteur » retiendront indiscutablement l’attention du
lecteur. Un célébrissime religieux musulman, au début de
son prélat, avec un zèle inédit pondait des brûlots contre
les riches. Grâce à ses prêches incendiaires, il s’aliène les
pauvres qui lui ouvrent grandement les portes de la
fortune. Au final, il devient, à la tête d’une organisation, une
grosse machine à sous, propriétaire d’un jet privé. Cette
nouvelle trouve son écho dans une autre qui met en scène,
cette fois-ci un pasteur. Ce dernier use des mêmes
méthodes que son collègue musulman. Mais, celui-ci ira
jusqu’à assassiner une de ses fidèles, devenue sa
maîtresse pour soigner sa stérilité.
Le deuxième mérite de Mahoua tient du rapport étroit
qu’elle entretient avec la sphère culturelle mandé. C’est
de là qu’elle tire des proverbes et autres sagesses pour
nourrir ses réflexions. Une telle disposition est révélatrice
de sa connaissance de la parole ancienne dont les maîtres
sont les griots, les djelis authentiques.
La troisième valeur de l’écrivaine trouve son ancrage
dans la tonalité de ses écrits. Satirique est sa plume, mais
Mahoua ne se contente pas de tirer à boulets rouges sur
toutes les personnes abonnées aux frasques et aux
dérives. La critique qu’elle engage dans ses écrits vise à
participer à la moralisation de la société piégée par l’invasion
des contre-valeurs. Mahoua fustige et décrie afin que la
société se remette en question aux fins de son
change9Chronique 2.qxp_Mise en page 1 06/02/2020 19:14 Page10
Chroniques étranges d’Afriki
ment positif et de son amélioration. En cela, ses
chroniques relèvent également du registre didactique.
Après le Tome 1, voici entre nos mains émues le tome 2
de Chroniques étranges d’Afrique. Ceux qui ont l’habitude
de lire l’écrivaine, trouveront ici la confirmation de son
talent de chroniqueuse inspirée. Quant à ceux qui vont la
découvrir dans ce genre littéraire pour la première fois, il est
clair qu’ils en demanderont encore.
Macaire ETTY
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Chroniques étranges d’Afriki
1
LA FORCE DU SANG
illa bleue. Cette bâtisse surplombait tous les autres
édifices de notre quartier. Entourée d’un gazon
toujours bien tondu et des belles du jour, cette mai-Vson était nichée sous de grands cocotiers dressés
tels des cerbères. Un mur comparable á celui de la grande
prison civile avait enclos la villa bleue.
Dans le quartier tous choisissaient de changer de trottoir
que de passer devant cet édifice. Il était rare de voir des
personnes trainer aux alentours de cette maison. Quand
s’ouvrait le grand portail, c’était une foire á la curiosité.
Nous vîmes passer des enfants aux tenues impeccables
assis dans de belles voitures mais avec cette expression
de tristesse sur ces visages qui vous poursuivent toute la
journée. Nous vîmes ainsi la mère, une femme au cou
dodu, le regard dur, le visage toujours fermé. Elle avait la
nuque bien droite pour éviter de croiser le regard de ses
voisins. Une famille guindée, dans notre quartier si
convi11Chronique 2.qxp_Mise en page 1 06/02/2020 19:14 Page12
Chroniques étranges d’Afriki
vial. Des êtres complètement téléguidés par la seule
volonté du paternel, monsieur Ndé.
Cet homme était méchant, rugueux et associable. Il était
dans les finances et c’est dans notre quartier de classe
moyenne que cet homme choisi de bâtir sa belle maison.
Avec ses revenus au-dessus de la moyenne, l’homme avait
décrété que sa famille ne devait absolument pas se mêler
á notre marmaille. Imbu de sa personne, il avait construit
deux murailles entre ses enfants et nous. L’une physique
et l’autre psychologique. Cette dernière était la plus haute.
Interdiction était faite á sa progéniture de venir jouer avec
nous. En revanche M. Ndé ignorait ce qu’il faisait rater á
ses enfants. La beauté de ce beau patchwork qu’était
notre quartier. En un seul lieu, étaient regroupées toutes
les ethnies du pays avec ses richesses culturelles.
Ensemble, nous part