La dissuasion nucléaire
276 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

La dissuasion nucléaire , livre ebook

-

276 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Aujourd'hui encore, 12 000 têtes nucléaires sont dans le monde, prêtes à l'emploi. Un potentiel de mort suffisant pour liquider un quart de l'humanité. Pourtant, il n'y a jamais eu de risque d'apocalypse. Pendant 50 ans, conscients de l'horreur nucléaire, les présidents des Etats-Unis et les Premiers secrétaires du parti communiste de l'URSS ont tenu tête aux partisans de la guerre. Voici l'incroyable saga de cette dissuasion.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 12
EAN13 9782296495081
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La dissuasion nucléaire
Les terrifiants outils de la paix
Edouard V ALENSI
La dissuasion nucléaire
Les terrifiants outils de la paix
© L'HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96599-7
EAN : 9782296965997
1. DES INSTRUMENTS DE MORT QUI FONT LA PAIX
1.1 UN MODÈLE DE FIN DU MONDE
Les spectateurs de la première explosion nucléaire, le 16 juillet 1945 sont les témoins bouleversés du premier phénomène tellurique créé par la science et la technologie. Un gigantesque, éblouissant et terrifiant soleil d’or enrichi de rouges, de violets et de bleus éclaire tout l’espace. Il bondit vers le ciel, colorant toute la terre alentour ; un météore créé par l’homme. A coup sûr, la plus belle expérience scientifique de tous les temps ! Sur le coup, ce fut la stupéfaction, l’émerveillement et une peur instinctive. Car tous les acteurs présents comprennent qu’ils ont devant eux un modèle de fin du monde. L’enfer est dans le ciel. Terrifiant !

On sait à présent que l’on dispose d’une arme effroyable. Un parfait outil de mort, une arme d’épouvante. Elle va être lancée pour terroriser le Japon, pour l’amener à résipiscence. Car le Japon s’acharne à combattre contre le reste du monde. Il a rejeté l’ultimatum qui lui a été signifié : c’est le Premier ministre lui-même qui a annoncé que le Japon voulait « l’ignorer. ».
La décision n’est prise qu’après une longue discussion associant militaires, scientifiques et politiques. Toutes les options sont envisagées, y compris la frappe de Tokyo. La conclusion des réflexions est qu’il est impossible de se contenter d’une frappe marginale, une ville importante doit être visée. La frappe doit être exemplaire !
Sur la liste des cibles potentielles Kyoto, un patrimoine de l’Humanité, est la première, parce qu’elle est peuplée d’intellectuels à même d’évaluer la signification stratégique de la frappe. Elle est cependant sauvée au dernier moment par le Secrétaire à la Guerre, Henry Stimon, qui avait admiré la ville lors de sa lune de miel. C’est donc Hiroshima, septième ville japonaise par ordre d’importance et jusqu’ici épargnée, qui est retenue. Le 6 août, à peine trois semaines après la première explosion, l’enfer n’est plus au ciel, mais sur la terre.
Les dommages sont effroyables et démontrent que cette bombe est une réalité terrifiante et imparable. C’est la preuve par la mort. L’explosion ne met pas simplement fin à la seconde guerre mondiale, mais à une possible et redoutée nouvelle déflagration planétaire qui ne peut même plus être envisagée par un chef d’État raisonnable. De cela nous sommes redevables aux deux cent mille pauvres victimes d’Hiroshima, et de Nagasaki, les héros involontaires et passifs des seules frappes nucléaires jamais ordonnées.
1.2 CENT MILLE TÊTES NUCLÉAIRES
Le nucléaire s’est imposé. Désormais, pour les grandes puissances, c’est autour de l’atome que va se focaliser la pensée militaire, que vont s’organiser les armées et que seront refondées les stratégies. L’atome impose des choix que les budgets vont contribuer à concrétiser.
1.2.1 Toujours plus d’armes pour surpasser l’adversaire
Immédiatement après les premières explosions, les États-Unis, en situation de monopole, se voient invulnérables. Pour rester hors d’atteinte ils se hâtent de se protéger. Six mois à peine après l’explosion d’Hiroshima, tout transfert de technologie nucléaire se trouve interdit, même vers leur meilleur allié d’hier, le Royaume-Uni. Peine perdue ! En 1951, l’Union Soviétique dispose d’une technologie propre. S’engage alors une course à la kilotonne sans fin et sans but défini.
Les armes nucléaires sont d’abord et surtout l’affaire de deux pays, les États-Unis et l’Union Soviétique. Ils détiennent 90% ou plus de l’arsenal mondial. Ils font le marché et structurent l’univers nucléaire. Une course éperdue s’engage. Chacun cherche à dépasser son vis-à-vis. Les États-Unis mèneront jusqu’aux années 80. On est en pleine absurdité. Américains et Soviétiques, poussés par leurs experts, leurs peurs, leurs idéologies et des faucons de toutes espèces dimensionnent leurs forces au plus haut. Bien au delà du nécessaire et même du justifiable.
On ne connaîtra sans doute jamais quelles sommes cumulées ont été investies pour les armements nucléaires, mais on peut en estimer l’ordre de grandeur : cinq mille milliards de dollars 2010. Les têtes nucléaires, bombes et obus sont produits en masse aux États-Unis comme en Union soviétique. Aux plus beaux jours, l’unité de compte est la dizaine de milliesr de têtes. Au total, environ cent mille bombes ont été assemblées.

Ces armes étaient nécessaires pour soutenir une guerre nucléaire raisonnée, maîtrisée, pouvant s’étendre sur plusieurs semaines en restant toujours assuré d’anéantir un adversaire persistant dans une folie agressive. Sans doute, depuis le tout début des années 60, Américains et Russes sont persuadés qu’il ne peut pas y avoir de gagnant dans une guerre nucléaire où l’on joue perdant-perdant. Mais peut-on être assuré qu’un adversaire demeurera toujours rationnel ? Dans le doute, il faut s’armer.
1.2.2 Non pas des moyens de combat, des facteurs de dissuasion
A quoi ces armes qui n’ont jamais servi étaient-elles destinées ? Et chacun de répondre d’un mot : « Dissuasion ». Les États nucléaires ajoutent unanimes : « Les armes nucléaires ne sont pas des moyens de combat, mais des facteurs de dissuasion de la guerre. Au contraire d’autres types d’armes, elles assurent des fonctionnalités politiques dans le monde moderne. » Peut-on les croire ?
Beaucoup a été écrit sur la dissuasion. Les ouvrages se comptent par centaines. Cependant, pour leur plus grand nombre, ces livres privilégient les approches politiques de la dissuasion ; la défense y est traitée comme une des composantes des relations internationales. Les propos sont enrichissants, mais force est de constater que l’accent est mis sur des considérations extérieures au fait nucléaire proprement dit. Partant, ces ouvrages peinent à expliquer comment le surarmement nucléaire a pu s’imposer à tous ? Pourquoi tant d’hommes politiques, tant d’experts ont-ils pu, ont-ils voulu croire au pire. Le secret a joué son rôle, mais il n’explique pas tout. Ces ouvrages ne s’appesantissent peut être pas assez sur les armes, sur leur emploi, en un mot sur les aspects militaires de la dissuasion dont découlent de singuliers équilibres entre États.

Pour donner à la dissuasion toute sa dimension, il ne faut pas la considérer comme un objet d’étude en soi, mais modestement montrer comment elle se matérialise en fonction des armes qui en font la substance, de leurs effets, des missiles dont le nombre et les caractéristiques déterminent les conditions d’emploi. Il est ainsi possible de faire apparaître quel contenu les pays détenteurs du feu donnent à la dissuasion, en fonction de la perception qu’ils peuvent avoir de leurs intérêts vitaux et des particularités de leur environnement sécuritaire. C’est là une approche « Bottom-Up », pour reprendre une terminologie américaine, qui s’oppose à l’approche traditionnelle « Top-Down ».
Ici, la technologie, les lois de la physique fixent les degrés de liberté dont peut disposer le diplomate. La dissuasion va apparaître, pour chaque pays, singulière. Elle n’a donc pas eu le même sens pour les États-Unis et pour l’Union soviétique pendant la guerre froide. Un concept particulier -la dissuasion du Faible au Fort - trouve sa logique et sa crédibilité en France. Et c’est probablement à un concept voisin que se réfère la Chine.
1.3 LES ARMES, LEUR EMPLOI, LES DÉFENSES
Ainsi, la dissuasion ne peut pas être le fruit de la seule détermination d’un chef d’État, d’une nation. Même si cette détermination est une condition nécessaire, elle n’est pas suffisante. La dissuasion ne se décrète pas, elle résulte de la possession d’armes, des plans de tirs que ses vecteurs permettent d’élaborer, des dommages ici attendus, là redoutés.
Aussi, dans l’approche retenue dans cet ouvrage,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents