Santé, égalité, solidarité : des propositions pour humaniser la santé

Jean-François Mattei, Claude Dreux

Description

Les progrès scientifiques et technologiques parfois mal maîtrisés deviennent pour certains une fin en soi, faisant oublier le sens de l'humain qui devrait prévaloir dans toutes nos actions. De même, l'accroissement constant des dépenses de santé, fait de l'économie de la santé la pièce maîtresse des plans de nos dirigeants. L'automatisation, l'informatisation, la robotisation, la restructuration pour rationaliser ces dépenses, ont des conséquences sur le comportement des professionnels et la prise en charge personnalisée des patients. C'est aux professionnels de santé de prendre ce tournant humaniste - sans renier pour autant les progrès des sciences biomédicales, à travers une prise en compte globale (médicale, psychologique et sociale) pour mieux aider chaque homme et chaque femme à acquérir, conserver et rétablir une qualité de vie la meilleure possible où la santé joue un rôle essentiel. C'est la raison pour laquelle les auteurs ont introduit la notion d'humanisme actif. Dans cette recherche, une attention particulière doit être portée aux personnes en état de précarité, qu'elle soit économique ou psychique. Dans cet ouvrage, plusieurs personnalités éminentes ayant oeuvré ou oeuvrant à une approche plus humaniste de la santé ont formulé, à partir de leurs expériences et de leur vécu, des recommandations susceptibles de faire réfléchir les décideurs de notre pays sur les réformes à entreprendre. Sept grands thèmes alimentent leur réflexion : l'humanisme médical à réinventer, la formation des personnels de santé, la santé responsable et citoyenne, la prise en charge personnalisée, la mobilisation contre les inégalités, humaniser la santé de la naissance à la mort, la réforme nécessaire de l'hôpital. Une synthèse des recommandations est proposée en conclusion de cet ouvrage afin de nourrir la réflexion de tous ceux, et notamment de nos dirigeants, qui veulent vraiment aider à préserver, et si possible améliorer, la qualité de la vie.

Sujets

• Santé publique

Informations

• Publié par: Springer
• Date de parution: 20 décembre 2011
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782817802749
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Santé, égalité, solidaritéSpringer
Paris
Berlin
Heidelberg
New York
Hong Kong
Londres
Milan
TokyoClaude Dreux
Jean-François Mattei
Santé, égalité,
solidarité
Des propositions pour humaniser la santéClaude Dreux
Professeur émérite de Biochimie - Biologiste honoraire des Hôpitaux de Paris
Membre de l’Académie nationale de Médecine
Membre et ancien Président de l’Académie nationale de Pharmacie
Président du Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française
(Cespharm) de l’Ordre national des Pharmaciens
17, rue Margueritte
75017 Paris
Jean-François Mattei
Professeur de pédiatrie et génétique médicale
Membre de l’Académie nationale de Médecine
Ancien ministre de la Santé
Président de la Croix-Rouge française
Espace éthique Méditerranée (EA 3783)
Hôpital d’enfants de la Timone
13385 Marseille Cedex 5
ISBN : 978-2-8178-0273-2 Springer Paris Berlin Heidelberg New York
© Springer-Verlag France, 2012
Imprimé en France
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Maquette de couverture : Jean-François Montmarché
Mise en page : Graficoul’Eure
Image de couverture : Reproduction du tableau d’Edouard Vuillard (1868-1940)
représentant La consultation du Pr H. Vaquez à l’Hôpital Saint Antoine (vers
1920) (propriété de l’Académie nationale de Médecine).Sommaire
Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VII
C. Dreux
INTRODUCTION
Médecine et santé : un humanisme à réinventer . . . . . 3
J.-F. Mattei
RETOUR AUX HUMANITÉS
Enseigner l’humanisme aux futurs médecins et aux autres
professionnels de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
F.-B. Michel et B. Charpentier
L’éducation pour la santé à l’école, une matière négligée 33
M. Tubiana
UNE SANTÉ RESPONSABLE ET CITOYENNE
Principe d’anticipation : prévention et dépistage . . . . 67
C. Dreux
Vaccination : un geste citoyen et humaniste – Que faire
devant la progression des refus vaccinaux ? . . . . . . . . . 81
P. Bégué
PRENDRE EN COMPTE, PRENDRE EN CHARGE
La prise en compte de la douleur :
une nouvelle culture universelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
A. Serrie
Maladies mentales et addictions :
en finir avec les clichés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
J.-P. Olié, A. Dervaux et X. Laqueille
VVI Santé, égalité, solidarité
Personnaliser les soins : l’éducation thérapeutique. . . 133
C. Dreux et F. Blanchet
NI BARRIÈRES NI TABOUS
Égalité, Solidarité. La mobilisation contre les inégalités
sociales de santé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
A. Flahault et M. Setbon
Il n’y a pas de combat perdu : l’exemple du cancer . . . 179
D. Sommelet
Situations de handicap et réadaptation :
« le » lien entre santé, médecine et société. . . . . . . . . . . 205
C. Hamonet
ESPÉRANCES DE VIE
La naissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
B. Salle et G. Crépin
L’enfance en danger :
quelle place pour l’adoption nationale ? . . . . . . . . . . . . 235
J.-M. Mantz et J. Mantz
Humaniser la fin de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
P. Le Coz
DES RÉFORMES ET DES HOMMES
L’aide aux aidants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267
A. Casagrande
L’hôpital à visage humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281
F. Chast et C. Hervé
CONCLUSION ET PROPOSITIONS
Nécessité du lien social. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301
J.-F. Mattei
Pour une humanisation active . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315
C. DreuxAvant-propos
Dans son dernier ouvrage Humaniser la vie, le professeur
JeanFrançois Mattei, président de la Croix-Rouge française, évoque
l’atteinte au lien social qui « revient comme un leitmotiv au cœur de
l’équilibre de notre société ».
Il dénonce l’égoïsme, l’individualisme et la prédominance de l’argent et
affirme que « la souffrance des hommes relève plus du champ social que
du champ sanitaire même si les deux peuvent se mêler étroitement ». En
présentant ce livre éclairant devant les Académies de médecine et de
pharmacie, j’ai pensé que plusieurs personnalités du domaine de la
santé pourraient utilement faire part de leur réflexion pour que
l’humanisation de la santé participe à humaniser la vie.
C’est pourquoi, avec Jean-François Mattei, nous avons tenté de bâtir un
ouvrage collectif traitant, dans un certain nombre de domaines, de la
nécessité de placer l’Homme au centre des préoccupations des
professionnels de santé et des acteurs psychosociaux. En effet, la santé, bien le
plus précieux pour la majorité des hommes et des femmes, est une
composante essentielle de la qualité de la vie. Nous pourrions ainsi
intervenir auprès des décideurs pour que nos propositions soient prises en
compte.
Les professionnels de santé suivent actuellement une pente dangereuse.
Les progrès scientifiques et technologiques souvent mal maîtrisés
deviennent pour beaucoup une fin en soi, faisant oublier le sens de
l’humain qui doit commander toutes nos actions. De plus, devant
l’accroissement constant des dépenses de santé, certains de nos dirigeants font
de l’économie de la santé la pièce maîtresse de leurs actions.
L’automatisation, l’informatisation, la robotisation, la restructuration
pour rationaliser les dépenses, ont l’oreille des décideurs. Beaucoup de
jeunes professionnels de santé sont séduits par ces méthodes, qui, de
plus, diluent les responsabilités quand elles ne sont pas sources de
profits indécents.
VIIVIII Santé, égalité, solidarité
Certes, il ne s’agit pas d’aborder, une fois de plus, un sujet aussi
complexe par la voie des bons sentiments et de l’humanisme bien pensant.
Cette approche n’a jamais obtenu de résultats tangibles. En effet, la
déshumanisation de la santé est toujours vue sous deux aspects essentiels
qui remettent en cause le système lui-même à défaut de pouvoir
réellement le transformer :
– les problèmes économiques, parce que le principal obstacle à
l’humanisation en matière sanitaire est largement lié au coût des personnels
soignants tant à l’hôpital que dans le secteur libéral ;
– les pesanteurs sociologiques avec la judiciarisation de la médecine qui
conduit à considérer chaque patient comme un plaignant en
puissance. Rien de tel pour déshumaniser le système. Le processus
sociologique semble tenir à un égalitarisme poussé à l’extrême entre le
patient et le médecin.
Cependant, il faut arrêter le mouvement rétrograde et dangereux qui
dresse certains aujourd’hui contre la science, la technologie, le progrès,
qui ont fait avancer la santé de manière spectaculaire pendant ces
cinquante dernières années. C’est aux professionnels de santé de prendre
ce tournant humaniste sans renier les progrès des sciences
biomédicales. Leur formation doit être le moteur de ce tournant.
Il ne s’agit pas de revenir aux méthodes du passé où l’adage « la
médecine n’est pas une science mais un art » cachait souvent l’ignorance des
praticiens. Mais la complexité des individus est telle que la prise en
compte globale (médicale, psychologique et sociale) doit être mise en
œuvre pour mieux aider chaque homme et chaque femme à acquérir,
conserver et rétablir une qualité de vie la meilleure possible, où la
santé joue un rôle essentiel mais insuffisant. C’est ce qu’on peut définir
par l’HUMANISME ACTIF.
Une attention particulière doit être portée aux personnes en état de
précarité, qu’elle soit économique ou psychique.
En outre, parmi les professionnels de santé, beaucoup sont maintenant
persuadés que l’exercice solitaire de leur profession n’est pas
satisfaisant. D’ailleurs, l’une des causes du désintérêt de nombreux jeunes
pour les professions de santé n’est-elle pas à rechercher dans le
cloisonnement des disciplines qui déshumanise les pratiques médicales ? La
prévention et l’éducation thérapeutique des patients atteints de
maladies chroniques qui séduisent aujourd’hui beaucoup de soignants ne
sont-elles pas l’occasion d’une prise en charge multiprofessionnelle et
humaine de chaque patient ?Avant-propos IX
Ce sont ces différents aspects d’une humanisation retrouvée de la santé
plus proche des déshérités de la vie, qui motivent les auteurs de cet
ouvrage collectif. Nous souhaitons qu’il nourrisse la réflexion de tous
ceux, et notamment de nos dirigeants, qui veulent vraiment aider nos
compatriotes à préserver, et si possible améliorer, leur qualité de vie.
Nous avons demandé aux personnalités qui ont bien voulu nous faire
bénéficier de leur expertise de formuler des recommandations
susceptibles de faire réfléchir les décideurs de notre pays sur les réformes à
entreprendre. Nous les reprendrons en conclusion avec l’accord des
auteurs.
Je terminerai cet avant-propos e