Jours de Brouillard , livre ebook

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La vie à l'autre bout du téléphone


Un coup de téléphone inopiné d’une inconnue peut-il suffire à faire basculer une existence qui s’enlise dans la routine ? C’est l’espoir que nourrit Quentin Rubio au moment où il craint de ne pouvoir s’échapper d’une situation qui lui pèse de plus en plus. Une passion partagée sera-t-elle salvatrice ?

Mais n’est-il pas déjà trop tard ? Le jeune homme se croit libre, il ne l’est pas. Ses liens de famille, ses responsabilités de père, l’ombre d’un mariage qui a tourné au désastre le retiennent prisonnier. Et que dire de cette liaison toxique dont il ne peut se défaire ?

Le gibier a beau se débattre, il est bel et bien pris au piège.



Et le chasseur ne connaît pas la pitié.

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Publié par

Date de parution

10 août 2018

Nombre de lectures

2

EAN13

9782368324554

Langue

Français

Jours de Brouillard
La SAS 2C4L - NOMBRE 7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsable de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Florence LEVET
Jours de Brouillard
Roman
Chapitre I
«J’ai fait votre numéro au hasard.»
Quatre fois, cinq fois… Le téléphone sonnait avec i nsistance dans l’obscurité. Le jeune homme, sans ouvrir les yeux ni allumer la lum ière, avait allongé le bras, avait fini par attraper le combiné.
« — Oui ? », fit-il, en se frottant les paupières d u dos de sa main libre.
« — Salut… Je peux vous parler cinq minutes ? »
La voix inconnue, à l’autre bout du fil, était fémi nine, jeune, un peu angoissée, avec un léger halètement Qu’est-ce que c’était que ça ? Une plaisanterie ?
« — Je vous écoute.
— Eh bien voilà : ça va sans doute vous paraître co mplètement idiot, mais j’ai fait votre numéro au hasard.
— Ah, tiens…
— J’avais un gros coup de cafard, je voulais me fou tre en l’air.
— Diable ! Et pourquoi ?
— Je vous le dirai, plus tard… Enfin, si vous voule z m’écouter.
— Vous voyez bien que je n’ai pas raccroché.
— Oui, c’est vrai. Pourquoi vous ne l’avez pas fait, comme les autres ?
— Question pour question, je vous le dirai plus tar d aussi. Mais je suppose que si vous m’appelez dans ces conditions, ce n’est pas po ur rien. Alors, qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
— Rester là, au bout du fil. Vous savez, avant de p rendre les médicaments que j’ai à côté de moi, je me suis dit que j’allais faire troi s numéros de téléphone et que si quelqu’un me répondait gentiment je jetterais tout ça à la poubelle. Vous êtes le troisième.
— Ça veut dire que les deux autres vous ont envoyé promener, si je comprends bien.
— La première a raccroché, c’était une dame avec un e vilaine voix aiguë, et le second, un vieux bonhomme bougon, m’a dit que c’éta it scandaleux de faire des blagues au téléphone à des heures pareilles !
— Des heures pareilles ? Mais quelle heure il est ?
— Deux heures du matin. Vous dormiez ?
— Je l’avoue.
— Excusez-moi.
— De rien. C’était un cas d’urgence, non ? Alors, q u’est-ce qui ne va pas, petite fille ?
— Vous vous moquez de moi.
— Non, vous avez une voix jeune, c’est tout.
— J’ai vingt ans. Vous n’allez pas me dire que c’es t une tare !
— Je m’en garderais, je ne suis pas assez vieux pou r me le permettre. D’où est-ce que vous m’appelez ?
— De Paris.
— Et qu’est-ce qui vous a donné l’idée de tomber ch ez un provincial ?
— Mes deux premiers numéros étaient parisiens, j’ai eu envie de changer. J’ai fait le 05, c’est le numéro de mon étage, puis le 55, c’est le numéro de l’immeuble, et j’ai fermé les yeux pour faire les six autres chiffres.
— Eh bien, en voilà un drôle de hasard ! En tout ca s, ça va vous changer de Paris, puisque c’est ce que vous voulez. Vous aimez la cam pagne ?
— Pourquoi ?
— Parce que vous y êtes, ici, et en plein ! Un vrai désert. Ça ne doit pas du tout ressembler au paysage que vous avez l’habitude de v oir.
— Elle s’appelle comment votre ville ?
— Si pour vous trois ou quatre fermes constituent u ne ville, je vous répondrai qu’on est à Chantegrive, mais ça ne va pas beaucoup vous avancer, c’est si petit que ça ne figure même pas sur toutes les cartes. Mettons à en viron soixante ou soixante-dix kilomètres à l’est de Limoges, si vous voulez.
— Limoges ? Mais c’est loin d’ici !
— Plutôt, oui… Ça ne fait rien, parlez-moi de vous. C’est quoi, la cause de cette grosse déprime ?
— J’ai des tas de problèmes et personne pour m’aide r, je suis toute seule… Si je crevais, personne ne s’en apercevrait.
— Vous n’exagérez pas un peu, non ? Vous n’avez pas de famille ?
— J’ai ma mère, mais je ne m’entends pas avec elle, nous ne vivons pas ensemble. En ce moment, j’habite chez une copine.
— Alors, vous n’êtes pas vraiment seule.
— Elle s’en fout, elle a un ami, elle n’est jamais là.
— Et vous, vous n’en avez pas ?
— Pas de quoi ?
— Un ami. Ou des amis.
— J’en ai eu.
— Ils vous ont déçue ?
— On peut dire ça. Dans le fond, ils se ressemblent , ils ont tous les mêmes manières, les mêmes façons de s’habiller et de parl er, les mêmes sujets de conversation.
— Qu’est-ce que vous aimeriez trouver en eux ?
— Je ne sais pas… Je ne me suis jamais vraiment pos é la question.
— Vous avez un métier ?
— A présent, je suis chômeuse.
— Depuis longtemps ?
— Un mois… Un peu plus.
— Et qu’est-ce que vous faisiez, avant ?
— J’étais caissière dans un supermarché. Mais ça ne me plaisait pas.
— Qu’est-ce qui vous plairait ?
— Je ne sais pas.
— Décidément, vous ne savez pas grand-chose quand i l s’agit de ce qui est essentiel, ni le genre d’homme que vous pourriez ai mer ni le travail que vous souhaiteriez faire. Vous savez seulement ce qui vou s déplaît. Ce n’est pas le meilleur moyen de retrouver le moral.
— Facile à dire !
— Je le reconnais. Mais je voudrais vous aider.
— Pour de bon ?
— Pourquoi pas ? Allons, réfléchissez un peu et ess ayez de m’expliquer ce qui ne va pas dans votre vie.
— Oh, tout !
— Vous ne pouvez pas être un peu plus précise ? ».
Pour la première fois dans le dialogue, il y eut un silence. Pourtant, la jeune femme ne raccrochait pas, on l’entendait respirer à l’aut re bout du fil. Le garçon se redressa dans son lit, sa main s’engourdissait sur l’écouteu r. Néanmoins, il n’avait pas envie de
mettre fin à l’entretien et il se prenait à désirer sincèrement venir en aide à cette inconnue qui l’appelait au secours. Il alluma la la mpe posée à côté de lui.
« — Vous êtes toujours là ? », questionna-t-il au b out d’un moment.
Elle ne répondit pas tout de suite et il insista.
« — Vous n’êtes pas en train de faire une bêtise, a u moins ?
— Non, je… Je crois que je n’en ai plus tellement e nvie.
— Vous m’avez dit tout à l’heure que si je vous rép ondais gentiment vous jetteriez vos médicaments à la poubelle. Vous devriez le fair e, à présent. Nous avons tout notre temps pour parler.
— Vous…
— Allez-y, je vous attends ».
De nouveau le silence. Que faisait-elle ? Allait-el le réellement s’exécuter ou jouait-elle une comédie ? Il y eut un petit bruit feutré, puis de nouveau la voix de la jeune femme résonna dans l’écouteur, plus ferme, presque joyeuse.
« — Ça y est.
— Vous les avez vraiment jetés ? Vous me le promettez ?
— Je les ai mis au vide-ordures. Alors pour les réc upérer, vous pensez…
— C’est comment, votre prénom ?
— Emmanuelle. Les autres m’appellent Manu, mais je déteste les diminutifs, ça fait nunuche.
— Emmanuelle, c’est joli.
— Et vous ?
— Quentin.
— Ce n’est pas courant.
— Ça se donne dans le Nord, ma mère était de par là -bas. Vous êtes blonde ou brune ?
— C’est un interrogatoire ?
— J’essaie de vous imaginer. A partir d’une voix, c e n’est pas facile de construire une image.
— Je suis blonde, enfin pas très blonde, un peu rou sse. Vous êtes blond, vous aussi ?
— Non, pas du tout, au contraire je suis plutôt bru n, enfin noir.
— Noir ? Vous voulez dire que vous… Enfin, que vous êtes un homme de couleur ?
— Je parlais de mes cheveux. Mes yeux aussi sont no irs, mais ma peau est seulement bronzée, parce que je travaille pas mal d ehors. Ça vous aurait gênée, de faire vos confidences à un noir ?
— Peut-être, enfin non, je ne sais pas…
— Encore ! Dites-moi comment vous êtes.
— Pas très grande, pas très maligne, quelconque, pl utôt moche, enfin sans rien de particulier.
— On ne peut pas dire que vous me faites l’article !
— Je le pense.
— Et sans doute vous avez tort.
— Qu’est-ce que vous en savez ?
— A votre âge, on est rarement vraiment moche. J’ai me bien votre voix, elle n’est ni criarde ni vulgaire… Racontez-moi ce qui s’est pass é avec votre mère.
— Ça vous intéresse ?
— Je voudrais vous comprendre. Je suppose que c’est un des points de départ de votre déprime.
— Oui, en effet. Mais ça remonte à plus loin encore , ça a commencé quand mes parents ont divorcé.
— Ah… Et il y a longtemps ?
— Cinq ans, non six… J’avais quatorze ans. J’aurais voulu rester avec mon père, mais il ne souhaitait pas me garder, il voulait se remarier.
— Vous lui en avez voulu ?
— Voulu ? Non, je ne peux pas dire ça, mais j’ai re gretté.
— Alors vous êtes restée avec votre mère. Vous n’av iez pas de frères ni de sœurs ?
— Je suis fille unique.
— Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
— Elle n’a pas été chic avec moi.
— C’est-à-dire ?
— Elle ne me comprenait pas, elle m’embêtait tout l e temps.
— Vous n’étiez peut-être pas chic, comme vous dites , vous non plus ?
— Non, c’est vrai, j’étais odieuse, mais je ne pouv ais plus la supporter, toujours à me chercher des histoires pour des tas de détails sans importance.
— Par exemple ?
— Ma façon de m’habiller, de marcher, de manger, de respirer… Ma façon d’être, en somme.
— Je vois. Je connais des gens comme ça, il faut en prendre et en laisser.
— Ça devient vite insupportable.
— Et vous êtes partie, comme ça, un beau jour ?
— Je l’avais prévenue, je lui avais toujours dit : « quand je serai majeure, tu ne pourras pas m’empêcher de m’en aller et de faire ce que je veux ». Alors, dès que j’ai eu dix-huit ans…
— Qu’est-ce qui s’est passé ?
— J’ai fait ma valise, je suis allée chez Isabelle, ma copine, qui est plus vieille que moi et qui avait déjà son appartement. Ma mère me c ourait après, je lui ai dit que je ne voulais plus la revoir. J’ai quitté le lycée et j’a i cherché du travail.
— Vous faisiez des études ?
— Je préparais mon bac. Mais j’en avais par-dessus la tête, je voulais gagner ma vie. Et puis, qu’est-ce que ça m’aurait donné de pl us ? J’ai été serveuse dans un bar, mais c’était crevant, il faut travailler à des heur es impossibles et on est tout le temps debout… J’ai essayé d’apprendre à taper à la machin e pour devenir secrétaire, mais ça n’allait pas tout seul. Ensuite, j’ai été vendeuse dans un Monoprix pour remplacer quelqu’un en congé et enfin j’ai trouvé cette place de caissière.
— Et maintenant ?
— Dans le fond, je n’aime pas travailler.
— Vous regrettez vos études ?
— Non plus.
— C’est ça, quand on est déprimé : on n’a envie de rien. Mais il faut essayer d’en sortir.
— Qu’est-ce que vous faites, vous, comme métier ?
— Je suis menuisier pour gagner ma vie et ébéniste pour mon plaisir.
— C’est quoi, au juste, ébéniste ?
— Je fabrique des meubles.
— C’est bien, ça… Et vous habitez à la campagne tou te l’année ?
— Hé oui.
— Vous vivez tout seul ?
— La maison serait bien trop grande pour moi. J’ai une famille nombreuse.
— Vous êtes marié ?
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