Les Sanglots de la mémoire
310 pages
Français

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Les Sanglots de la mémoire , livre ebook

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Description

« On souffre de la même maladie, Rémi, on est restés amoureux d’un sourire, d’un souvenir, d’un amour qu’on a protégé bien après la mort. On n’a pas su couper le cordon qui nous liait à nos conjoints par peur, par amour, par fidélité... Il est temps d’apprendre à aimer à nouveau, on n’a pas le droit de se punir de leur disparition plus longtemps. Il essuya les larmes qui coulaient le long de ses joues, elle se serra contre lui, ils restèrent l’un contre l’autre silencieux plusieurs minutes, il savait qu’elle avait raison, mais saurait-il encore aimer ? »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 décembre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748398199
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Sanglots de la mémoire
Mireille Dalissier
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Les Sanglots de la mémoire
 
 
 
Pour toi, Papa, qui as rejoint le monde du silence, mais tes silences me parlent beaucoup, tu me manques.
Ta petite…
 
 
 
Ce roman est une fiction, toute ressemblance avec des personnes ou des lieux ayant existé serait un pur hasard.
 
 
 
1
 
 
 
Dans la région bordelaise au « Domaine des Lumières », un vignoble de l’Entre-deux-Mers qui s’étend entre la Dordogne et la Garonne, vit Rémi Tulliet.
C’est un homme âgé de soixante ans qui passe de longs moments, après avoir travaillé, à regarder par la baie vitrée de son bureau. Depuis la disparition tragique de son épouse, il fixait sa photo et celles de ses enfants qu’il n’avait pas revus depuis dix ans. En caressant le contour de leurs visages avec tendresse, des larmes tombaient sur le verre des cadres qu’il essuyait délicatement en les replaçant sur leur étagère.
Maria, sa gouvernante, déposa sa tasse de café et se retira en silence. Rémi vivait ce face-à-face avec la solitude comme une évidence. Tous les lundis matins, il faisait le point avec son contremaître, Jules Villette, et seuls ses trente hectares de vigne le sortaient de son mutisme et lui donnaient envie de continuer. Ses vignes que deux générations de Tulliet s’étaient transmises, mais l’orgueil de Rémi était blessé car il n’avait pas réussi à partager cette passion avec son fils, Philippe.
Ce dernier avait quitté le Domaine à vingt ans, il ne lui était resté que sa fille, Valérie. Mais deux ans plus tard, elle claqua la porte de la propriété sans se retourner, la fierté d’un père l’avait empêché de la retenir… Sa douce Solange, qui avait toujours marché à ses côtés depuis leur mariage, avait eu du mal à accepter le départ de ses enfants. Six mois plus tard, une voiture les percuta de plein fouet et Solange mourut sur le coup alors que Rémi s’en sortit avec plusieurs contusions. Philippe et Valérie firent le déplacement pour les obsèques de leur mère mais le soir même, ils laissèrent leur père seul dans ses vieilles pierres. Pourquoi autant de colère, pourquoi autant de haine entre eux ?
 
En ce premier jour d’automne de 1980, une fine pluie tombait et des gouttes s’écrasaient sur la baie vitrée, Rémi se replongea dans ses mauvais souvenirs avec l’espoir que sa famille ferait peut-être comme les saisons : qu’après la pluie viendrait le beau temps. La cloche sonna, ce qui signifiait que le dîner était prêt.
Il regarda sa montre, il était 18 h 30, il se leva et traversa le corridor. Puis, il s’installa au bout de la table de la grande salle à manger où, chaque soir, Maria lui servait son repas ; il avait insisté à plusieurs reprises pour qu’elle se joigne à lui, mais elle avait refusé en disant que sa place était dans sa cuisine. Comme tous les soirs après avoir dîné, il allait au salon pour regarder la télévision. Ses journées étaient identiques et une fois par semaine, il partait plusieurs heures et quand il revenait, il semblait apaisé. Un mercredi après-midi de novembre, la sonnerie du téléphone du salon le fit sursauter, il resta quelques secondes prostré comme paralysé, il n’avait pas sonné depuis le décès de Solange. Rémi avait sa ligne privée dans son bureau, la sonnerie s’arrêta dix minutes plus tard et elle reprit. Il sortit précipitamment et décrocha d’une main tremblante.
— Allô, allô, qui est à l’appareil ? Mais, répondez ! hurla-t-il.
— Pourquoi tu cries ? répondit une voix enfantine.
Rémi resta silencieux.
— Pourquoi tu parles plus ? demanda l’enfant.
— Qui es-tu et comment as-tu eu mon numéro ? dit Rémi.
— Je m’appelle Mathis, j’ai sept ans. Pour ton numéro, c’est facile, quand je suis seul le mercredi avec mon copain Frédéric, on écrit chacun des chiffres sur une feuille et puis, on n’en choisit. Et aujourd’hui, c’est tombé sur le tien. J’adore les chiffres et toi ?
— Quand j’étais à l’école, j’étais le premier en mathématiques, dit Rémi que cette conversation commençait à amuser.
— C’est chouette. Tu habites où, quel âge as-tu ?
— Je m’appelle Rémi, j’ai soixante ans et j’habite à Saint-Ulysse.
— C’est où ?
— Près de Bordeaux dans le sud-ouest de la France.
— Je ne connais pas Saint-Ulysse, mais Bordeaux c’est là où il y a du vin. Mon père l’adore.
— Il a bon goût ton papa et toi, tu habites où ?
— À Genève en Suisse.
— Je comprends mieux ton petit accent.
— Toi aussi, tu as un accent. Je dois te laisser, ma maman vient d’arriver, à plus !
Rémi raccrocha et éclata de rire, Maria lui demanda alors :
— Une bonne nouvelle, Monsieur ?
— Tu vois Maria, ce téléphone est resté muet pendant des années et aujourd’hui, sa sonnerie a ramené le soleil dans cette maison, c’est un signe.
— J’en suis heureuse pour vous.
Pendant plusieurs semaines, il attendait le mercredi avec impatience mais à sa grande déception, le téléphone ne sonna pas. Rémi passa les fêtes de Noël et du premier de l’an sans famille.
Maria partait tous les ans du 22 décembre au 4 janvier dans sa famille en Normandie, mais ce qu’elle ignorait c’est que Rémi passait le réveillon de Noël avec le père Laurent et Georges Tailland, son ami d’enfance. Depuis six ans, ils avaient décidé de réunir leur solitude pour s’accorder un réveillon digne de ce nom. Le 5 janvier, on sonna à la porte d’entrée, Rémi ouvrit et le facteur lui remit son courrier qu’il parcourut rapidement quand une enveloppe attira son attention. Il ouvrit et en retira une carte de vœux qu’il lut avec intérêt :
 
Rémi,
Je te souhaite une bonne année, je n’ai pas pu te téléphoner, j’ai été malade, mes parents ont pris des vacances. Je vais tout faire pour te rappeler bientôt.
Mathis
 
Il relut la carte plusieurs fois la gorge serrée, il ne savait pas comment le gamin avait trouvé son adresse, mais c’était un sacré débrouillard. Il la rangea soigneusement dans un tiroir de son bureau qu’il ferma à clé, elle se retrouvait parmi les papiers les plus importants du Domaine. Rémi savait qu’elle y avait sa place, il accueillit Jules avec le sourire, ils travaillèrent plus de deux heures dans la bonne humeur. En sortant, Jules croisa Maria et lui demanda :
— Qu’est-ce qu’il a le patron ?
— Je ne sais pas, il est heureux.
Jules partit sans se retourner, ravi pour Rémi.
 
Rémi avertit Maria qu’il allait à Bordeaux et qu’il rentrerait en fin d’après-midi.
Il y arriva à 11 h 30 où il retrouva ses amis viticulteurs, Germain Chauvinier et Bertrand Gignard. Trois fois par an, ils aimaient partager un bon repas dans leur restaurant favori « Le Cheval blanc ». Le début d’année était l’occasion de faire le point sur l’année passée et vers 14 h 30, ils se quittèrent. Rémi marcha un bon quart d’heure, arriva dans une ruelle et frappa au numéro 5, où il rentra. Il en ressortit deux heures plus tard et à dix-huit heures, il était de retour chez lui.
Il alla dans son bureau en attendant le dîner. Maria ne lui servit qu’une assiette de potage jugeant qu’il avait assez mangé au déjeuner. Il n’y faisait plus attention, il aimait son côté protecteur, elle était pour lui une grande sœur. Elle était arrivée au Domaine à l’âge de quinze ans, cela faisait cinquante ans qu’elle travaillait pour les Tulliet.
Il monta directement dans sa chambre, se doucha et s’endormit. Vers trois heures du matin, il se réveilla comme toutes les nuits, il descendit dans la cuisine, bu une tasse de café, resta longtemps assis près de la cuisinière d’où montait une douce chaleur provoquée par les braises, il rajouta une bûche. La cuisine était sa pièce préférée, elle était toujours en ébullition grâce aux odeurs, aux bruits, même les silences étaient rassurants. Petit, il adorait s’y cacher et en grandissant, rien n’avait changé : il y revoyait sa mère, Solange, ses enfants y traîner au moment des confitures, des fêtes de Noël, leurs cris, leurs chamailleries lui manquaient terriblement. L’arrivée de Maria lui signala qu’il était cinq heures, elle lui sourit et c’était sa façon de lui dire bonjour. Il remonta dans sa chambre, il se rasa, s’habilla, il descendit dans son bureau, où son petit déjeuner l’attendait. À huit heures, elle lui annonça l’arrivée de Michel Villette, son maître de chai.
— Bonjour, monsieur Tulliet !
— Bonjour Michel, je vois que tu es toujours à l’heure.
— Je fais de mon mieux.
— J’espère que tu donnes tous les soins nécessaires à mon vin.
— Ne vous inquiétez pas, tout va bien dans vos caves.
— La gestion des stocks se passe bien ?
— Oui, le niveau est bon année par année, mais Éric m’aide.
— Comment se débrouille-t-il ?
— Très bien, j’évite de trop le complimenter, je ne veux pas qu’il pense que tout lui est permis.
— Je comprends, mais ne sois pas trop dur avec lui, les relations père-fils sont souvent difficiles.
Michel regarda son patron avec une certaine dureté.
— Tu n’as porté les déclarations administratives.
Michel lui tendit le dossier. Rémi le parcourut, ça avait l’air parfait comme d’habitude.
— Tu veux boire un café ?
— Non, merci, je vais y aller. Le vin n’attend pas.
— Embrasse Mélanie pour moi.
— Je n’y manquerai pas.
Rémi travailla sur le dossier toute la matinée, il déjeuna dans son bureau en continuant la lecture du dossier. Vers 14 h 15, il ouvrit un tiroir, le plaça dans un classeur quand une carte tomba sur le tapis. Il la ramassa, c’était les coordonnées d’un détective privé qu’il avait songé à engager après la mort de sa femme, pour retrouver la trace de Philippe et Valérie. Mais, au dernier mom

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