La Grande chevelure
168 pages
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La Grande chevelure , livre ebook

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Description

Des hautes futaies du Vercors aux oasis sahariennes, de la taïga à l’Amazonie, la forêt telle une femme échevelée se prend de désir pour la main de l’Homme. Cette main qui jardinera, sèmera, faillira aussi, brûlera, charbonnera, marquera, façonnera, caressera. Suivant à la trace la plume des auteurs, vous trouverez, pèle mêle et par­fois tête bèche des chablis moussus aux par­fums de vènerie, des essarts, de l’affouage sans fromage, des sentes et des ravages, de la violence à écorcher vos genoux trop lisses. Des éclaircies, des trouées automnales, des bêtes, des épiniers, des maquisards et des artistes. Enfin tout ce qui fait de la forêt une grande chevelure… Au fil de ces textes, cinq écrivains, dans leur altérité, transmettent l’émotion de la pul­sation vitale, universelle de la forêt, laissent murmurer leur sève et donnent à l’humain la joie de respirer l’âme du monde.…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782842066536
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0480€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La grande chevelure
Petites nouvelles de la forêt
LydiaCHABERTDALIX DominiqueGUICHARDJACQUELIN JacquesLAMOURE EvelyneMANCRET PatriceMOREL Maïeutique éditoriale : PierrePERRIER
Ouvrage publié avec le soutien de l’association « Femmes qui écrivent avec les loups »
Maquettes (couverture et intérieure) : Marlène Jeanton Mise en page : La Fontaine de Siloé
e Dépôt légal : 2 trimestre 2018
Laloidu11mars1957nautorisant,auxtermesdesalinéas2et3delarticle41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective », et, d’autre part, que les analyses et courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction, intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droits ou ayants cause est illicite. » (article 40, alinéa 1). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
© La Fontaine de Siloé, 2018 ISBN : 978-2-37563-139-3
PÈfàcé
La vîe forestîère, ’amour des arbres, e paîsîr de partager e abeur des travaîeurs du boîs : une prédestînatîon ! Ma mère est née au Frîer du Boîs, au mîîeu de a forêt, à côté du Boîs Roand, du Boîs Damîer et du Boîs des Charpennes, pas très oîn de a forêt de a Loubîère ! C’est dans cet envîronnement d’écorce et de résîne que j’aî été éevé et que j’aî grandî. Par naîssance et par nature, je suîs donc un homme des forêts, pas sîmpe à appréhender, maîs sans angue de boîs, ce quî n’a pas toujours été apprécîé dans mon actîvî-té utérîeure d’éu oca. J’aî donc baîgné d’embée dans es odeurs, es sons de a forêt, j’aî croîsé très tôt es anîmaux sauvages et goûté dès mes premîères années aux saveurs încomparabes des fruîts rouges, des champîgnons, et des baîes cueî-îes dîrectement sous ’ombre des grands arbres. Dans ces condîtîons, mon enfance fut souvent buîssonnîère et mon adoescence charpentée !
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Je ne pouvaîs décemment pas devenîr un rat des vîes, non pus qu’un rat des champs. Maîs un hôte de ces boîs, certaînement. À ’orée des vastes espaces montagnards, sans nue habîtatîon, quî s’ouvrent derrîère mon vîage deCorrençon-en-Vercors, mon choîx étaît tracé : vîvre îcî, respîrer îcî, travaîer îcî. Surtout ne pas m’exîer vers es grandes cîtés ou métropoes de ce pays comme ce fut e cas pour beaucoup de ruraux dans ’îmmédîat après-guerre, et comme c’est encore e cas aujourd’huî d’aîeurs. Non, j’aî vouu concrétîser sur pace, avec constance et patîence, ma passîon de a nature, de ’entretîen des forêts et du déveoppement de a iîère économîque quî en dépend. Dès dîx ans je montaîs, accompagnant mon père et ’once Abert, au Pas de a Sambue avec une jument pour tîrer e boîs. J’aî découvert très jeune a dîversîté et ’âpreté des métîers forestîers, du marquage, du bûcheronnage, de a coecte des grumes et de eur transport vers es scîerîes, j’aî apprîs que ’on ne traîte pas de haut a forêt, qu’î faut en maïtrîser a pousse et consîdérer es arbres comme des êtres vîvants, es aîsser grandîr, qu’î faut travaîer humbement et onguement ’espace à eurs pîeds, es voîr physîquement se déveopper. En forêt, sous ces géants înnombrabes, ’homme quî e veut peut accéder à a sagesse, et apprécîer toute a vaeur du temps quî s’écoue. J’aî toujours aîmé par-tager e abeur, a sueur, es émotîons, es hîstoîres, e casse-croûte des bûcheurs înfatîgabes quî tout à a foîs
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expoîtent, transforment et préservent ces réserves fores-tîères, notre oxygène ! Travaî d’équîpes, œuvre coectîve de ongue haeîne. C’est pourquoî je suîs partîcuîèrement heureux que cet ouvrage dédîé à a forêt soît écrît et îustré par pusîeurs auteurs et dessînateurs habîtant e Vercors, des femmes et des hommes ayant choîsî e même ancrage géographîque que moî, tous amoureux du massîf et fascînés par ses mys-tères syvestres. Ce îvre écaîre de facettes dîfférentes et compémentaîres un unîvers précîeux qu’î nous faut absoument sauver. J’ajoute que es poèmes du regretté Jacques Lamoure donnent un reîef tout partîcuîer à ces récîts et nouvees. Is eur apportent un soufle puîssant et profond comme ceuî îssu des scîaets quî s’ouvrent au cœur de nos boîs, maîs savent aussî s’éever vers es cîmes des pus beaux épîcéas.
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Gérard Sauvajon
Lés àutéus
Lydîà Chàbét Dàîx « à sOcîèé dé Mààtéé » Petîte-ie d’une panseuse, cueîeuse tendrement prénommée Marîe, mon înîtîatîon est passée par a forêt. Avant que e vocabe « magîe » ne se boîve comme un bouîon, a soupe servîe au quotîdîen par ma grand-mère mêaît e sage au sauvage. Jonger avec es mots du Monde, aîmer un bûche-ron, apprîvoîser es oups putôt que es chats noîrs et pîoter un avîon pus aîsément qu’un baaî, tes pourraîent être es verbes de mes commencements. L’écrîture en guîse de nez crochu ! La Lumîère, es fées des faaîses et es utîns des chemîns demeurent mes compagnons d’évasîon. Sorcîère ? Ouî, quî ’eût cru ? (Cuîte !)
DOînîqué Guîchàd « ’Ècuéuî dés Péuîs » Éectron îbre attachée à a terre des forêt ou d’apage, semeuse de ettres et écrîvaîn de leurs, ermîte phî-anthrope, casanîère des grands espaces de granîte ou de cacaîre, esprît apatrîde jouant sur a partîtîon desîbertés. Je braîe ’unîversaîté dans e battement d’aîes des grands corbeaux.
Pàtîcé MOé « ’Ous Dé à MOîèé » Jegrîffe,jemords,jecaresse!Jesuîsunmammîfèredécaé. Le sîèce est urbaîn ? Je grogne en soî-taîre. La mode est herbîvore ? Je me purge maîs reste carnassîer. L’époque est épîée ? Je ustre et soîgne mon peage. J’occupe un gïte caché, près dePîerrefeu et de Grand Champ. Maîs vous me trou-verez en chasse, juste avant e noîr, praîrîe de a Moîère, dans ’ombre du Pas de ’Ours.
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Evéyné Màncét « é fuét du FuOn » Ça se cachaît, C’étaît beau, C’étaît vîf, C’étaît soupe, comme e chat ! C’étaît soyeux.
Ça mordaît, Cétaîtdangereux,C’étaît înterdît de toucher,
Maîs, c’étaît fascînant…
Jàcqués LàOué « ’àtîsté àbsOu » Jacques Lamoure, peîntre, graveur, ethnoogue în-venteur de « La Maîson du Vîard ». Cet artîste dont a force fut désîr d’înteect et amour d’un massîf, a aîssé des encres puîssantes, des textes poétîques surréaîstes înspîrés par es faîes, esfaaîses, es forêts. Icî, et pour a premîère foîs, sont proposés au pubîc queques-uns de ses poèmes. Jacques Lamoure pour quî ’îndîgnatîon étaît un devoîr permanent, dégauchîssaît es rîmes, tenonnaît es strophes dans une obses-sîonnee quête de mémoîre. Jacques Lamoure est mort en 1998.
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Là gàndé chévéué
e î s’étaît aongé à ’orée de cee qu’î désî-gnaît par une îmage tant î craîgnaît ses coères, e regard accroché aux troncs, te e soeî ’avaît trouvé au mîtan du sentîer e endemaîn. La « grande cheveure » vert sombre ’attendaît. Vaentîn étaît un homme des souches et du sîence. Armé de sa battante î savaît qu’î ne uî étaît pus permîs de renoncer à a bataîe. Couper dru. Bîen qu’î sût pourtant qu’aucun homme n’eut de courage assez épaîs pour raser e crâne du Vercors, î caressa ’es-poîr d’écaîrcîr un peu « a grande cheveure. » La ame aîguîsée it mîroîter ’écat d’un soeî hâtîf dans e beu des yeux de Vaentîn. L’arbre devant uî – et sur es branches duque es becs croîsés faîsaîent grand tapage en ce matîn de juîn – mérîtaît une in dîgne. Une mort debout, fracassante, vîoente. Jouîssîve. Une petîte mort pour un ombrageux centenaîre ! Dès ors a hache avança
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en besogne. Vaentîn connaîssaît sur e bout de ses maîns e chemîn à suîvre pour ouvrîr e sapîn. Faîre ’écat, ’en-tame quî détermîne e poînt précîs de a chute. Puîs,soîtaîre face à un soîtaîre, se poser devant ’écat onger du regard e tronc jusqu’à a cîme. C’est ce que itVaentîn en penchant son cou vers ’arrîère presqu’à dé-crocher sa tête de son tronc à uî ! Satîsfaît de sa jauge î it parer sa hache avec méthode. Les oîseaux s’étaîent tus. Envoés vers d’autres cîeux pus céments ? Des heures durant a sueur e dîsputa à a sève. L’arbre saîgnaît sans geîndre. À force de fouaîer es entraîes du sapîn Vaentîn inît par entendre e grîn-cement annoncîateur. Aussîtôt e bûcheron s’autorîsa une ampée de umîère s’éoîgnant avec précautîon du tronc. D’un même mouvement ent î tîra de son sac une outre de peau et bu ce méange de vîn, de sucre et d’eau quî pîssa dans son gosîer. Une saveur douceâtre apaîsa sa soîf ongue comme une nuît de Sostîce. I ne parvînt à contenîr ses pensées. Le corset d’Émîîe qu’î déaçaît entement parfoîs – teement à a hâte e pus souvent – venaît danser dans sa tête. Émîîe et ses cheveux défaîts dans es bruîssements du foîn de a grange où îs se retrouvaîent. La forêt secrète d’Émîîe, son antre à uî. Son ancre aussî ! Écorcer e sapîn tout à ’heure seraît sembabe au « dé-corsetage » de sa brune sauvage. La morsure du soeî concîda avec une paînte du sapîn. I en appeaît à a cémence de son bourreau. En inîr vîte.
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