Prendre langue
59 pages
Français

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Prendre langue , livre ebook

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Description

Prendre langue est l’aventure d’une langue à laquelle nous ne sommes pas souvent habitués ; naît alors une rencontre amoureuse au miroir du langage. Le résultat est un livre d’une telle puissance qu’il nous emporte dans l’ivresse propre à tout grand acte poétique.
Bruissement, effusion, enthousiasme sont les principaux traits de cette écriture envoûtante qui entend faire appel au meilleur de nous-mêmes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 juin 2013
Nombre de lectures 97
EAN13 9782897120146
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PRENDRE LANGUE
Mise en page : Virginie Turcotte et Mance Lanctôt Illustration et maquette de couverture : Étienne Bienvenu Dépôt légal : 1 e trimestre 2011 © Éditions Mémoire d’encrier

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada. Younsi, Ouanessa, 1984-
Prendre langue
(Poésie ; 31)
ISBN 978-2-89712-014-6
I. Titre.
PS8647.O955P74 2011 C841’.6 C2011-940197-5
PS9647.O955P74 2011

Nous reconnaissons l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise du Conseil des Arts du Canada et du Fonds du livre du Canada pour nos activités d'édition.

Mémoire d'encrier
1260, rue Bélanger, bureau 201
Montréal, Québec,
H2S 1H9
Tél. : (514) 989-1491
Téléc. : (514) 928-9217
info@memoiredencrier.com
www.memoiredencrier.com

Version ePub réalisée par :
www.Amomis.com
Ouanessa Younsi
PRENDRE LANGUE
À Suzanne
ressuscitée
Prologue
Prendre langue est né d’un trébuchement ; une femme tombe à l’amour en voulant y marcher. Ses pas se révèlent balbutiants, hésitants. Ses bras grincent à chaque accolade du vent. Elle s’enfarge dans ses pieds. Le cœur tangue. Enracinée en une forêt de trembles, elle cherche les traces des tempêtes de sable fusant dans ses veines, dont elle ignore les vestiges. Elle souhaite colorier deux mains qui se touchent, sans dépasser.
La rencontre amoureuse représente dès lors à son âme une espérance de jaseuse des cèdres, une transcendance possible de l’état de séparation originelle. À travers la médiation du langage, contrée première, terre incarnée dans le verbe, la réconciliation semble promise, mais la narratrice se bute aux mots des autres, à ses propres défaillances, aux chaînes des Appalaches creusées de pierre, au fleuve qui la rétrécit. Le destin individuel rejoint l’hiver, qui devient un pays. Nous sommes évincés de nous-mêmes, et cet arrachement collectif résonne en la femme du recueil comme un avortement parolier. Les poèmes s’effritent tels des rochers percés, les vers raccourcissent leur verve, les mots se lysent d’insuffisance. La femme se vide de visage, et cette déconstruction permet de prendre acte, de sursauter en un chant de reconquête. Non, « l’oiseau ne rendra pas les ailes ».
Prendre langue comme on prend pied, parole, racine. Au commencement il y a l’emballement amoureux, et la femme croit que cela est bon. Puis jaillissent l’égarement, les engelures, les miroirs, les césures à la gorge, l’étiolement langagier, et elle comprend qu’il s’agit d’un naufrage nécessaire pour crever les mirages. À la fin une voix prend langue, nomme la voie à embrasser, le sentier enfin libéré des barbelés de ses os, et un livre est créé pour ne plus oublier le chemin.
Ouanessa Younsi
Prendre langue
Je commençai à vivre mieux
Roland Giguère
Toi et moi
Nous ne sommes pas
Sculptés des mêmes terres
Tu grondes de roche volcanique
Entre mes jambes érodées
Moi toute fragile
Je croule d’argile dans ma tête
Quand tes cendres dévalent
Mes veines fangeuses
Je suis terre cuite et terre crue
Terre glaise et glissante
Friable sous tes pluies
Tes éruptions

Tes eaux
Ne me ressemblent pas
Toi fier à mâts
Tu fonces en raz-de-marée
Mimiques de tsunami
Tu es salé jusqu’à la rive
Mer rouge où mes rêves trempent
Quand tu susurres des roulis
À mon oreille d’ermite
À mes baisers de langoustines
Les algues à ta taille
M’encerclent de bélugas
Regarde-moi
Je suis sombre marécage
Marais mouillé et mangrove
Mes doigts de quenouilles
Flétrissent d’une grève à l’autre
Entre toi et moi
Tant de fleuves
Que nous ne comprenons pas

Nous brûlons tous deux
De feux si lointains
Que des nuits de cendres
Nous séparent
Je suis frêle flamme bleue
Au cœur calciné
De la solennité du sélénium
Je plombe dans tes ailes
Sous ta rage incendiaire
Flammèche volage et vorace
Tu brûles des bouquets
Attachés de fils de foudre
Brassées de braises
Nos paumes noircies
De tendres escarbilles
Charbonnées d’existence
Tellement consumées
De renouveau
Alchimie
Accalmie

Toi et moi
Nous ne sommes pas
De la même pierre
De la même mer
Des mêmes lumières
C’est pourquoi
Nous sommes
L’un de l’autre
L’un par l’autre
L’un pour l’autre.
Je suis fille née Exil

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