300
pages
Français
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2016
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Ebook
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Publié par
Date de parution
18 mars 2016
Nombre de lectures
0
EAN13
9782342049749
Langue
Français
«?Le 31 mai 1941, à la mine, une grève et non un piquet de grève se révèle. Pour la compagnie, c'était inexplicable. La raison était évidente. Les puits étaient transformés en piège à militants. Intelligemment, les responsables locaux préparèrent la grève par un sérieux porte-à-porte, montant la garde à l'entrée des corons pour convaincre les ouvriers qui ne l'étaient pas encore. Ce jour-là, à l'Escarpelle, le directeur signa et la fosse n° 8 fut en grève. Les femmes de mineur incitèrent leur mari à rester à la maison. À Auby, des hommes venus du Pas-de-Calais empêchèrent la descente. Durant cette grève, plus de 500 personnes furent arrêtées, dont 244 finirent déportées. Malheureusement, 30 ne revinrent jamais.?» Résidant à Mont-Louis, dans les Pyrénées-Orientales, Pascaline rejoint un ami d'enfance à Sisteron, la perle de Haute-Provence. Suite à une donation inattendue, celle-ci se rend seule dans le Nord de la France, à Auby, sa ville natale où son père accomplit durant de nombreuses années un travail pénible : mineur. Durant son séjour, elle redécouvre le vécu du bassin minier tandis que ressurgit une figure du passé... Deux mondes, des siècles d'histoire : à travers le voyage de son héroïne, Noëlla Moreaux signe un récit empreint d'émotion, instructif et saisissant, qui vaut surtout par son hommage aux gueules noires.
Publié par
Date de parution
18 mars 2016
Nombre de lectures
0
EAN13
9782342049749
Langue
Français
Une ombre du passé
Noëlla Moreaux
Société des écrivains
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Une ombre du passé
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
Remerciements
Merci à Élodie et Michaël, Sonia, Nicolas, Marie-Laure, Stéphanie, Christian, Yves, la médiathèque d’Auby.
Hommage à mon père, mineur à la fosse n° 8 à Auby, dans le Nord de la France, ainsi qu’aux mineurs français, polonais, italiens, belges et maghrébins.
Pour leur pénible labeur face à ce métier où ils côtoyaient sans cesse la silicose, les coups de grisou et les effondrements.
Chapitre un
Sous un ciel gris et pesant, la neige tombe paisiblement à gros flocons sur Mont-Louis, dans les Pyrénées-Orientales, offrant un sublime paysage féerique.
Malgré cela, une dame d’une soixantaine d’années, les cheveux courts, gantée et emmitouflée dans son anorak rouge, promène son chien. Jouant avec les flocons, le jeune chien des Pyrénées stoppe son amusement face à un grand bonhomme de neige, borgne et fumant la pipe. Moqueuse, sa maîtresse lui envoie une boule de neige et tous deux s’en retournent, seuls, dans cet espace désert. Devant une grande cheminée en marbre rose et flamboyante, les deux complices, las mais heureux, se réchauffent. Fixant l’âtre rougeoyant, le chien des montagnes s’endort et, tout en savourant un délicieux chocolat chaud ainsi qu’un minuscule tiramisu, elle l’observe :
— Vis-à-vis de cet étrange bonhomme blanc, Mélanthios, tu m’as surprise.
Munie de son portable, elle s’octroie un instant de détente :
— Yves !
— Bonsoir Pascaline ! Bonsoir, ma douce amie. Gardes-tu la nostalgie des nouvelles découvertes ?
— Bonsoir, mon ami d’enfance. Converser avec toi demeure un réel plaisir. Perfectionnes-tu ta passion pour la photo ?
— J’affectionne profondément cet art, immortalisant à jamais de sublimes paysages et face à ces révélations naturelles et spontanées, je me réjouis de ma retraite.
N’étant pas sénile, du moins je le pense, je suppose que depuis peu, ta retraite t’a séduite ?
— Rassure-toi car ta mémoire est sauve. Nos loisirs revendiquent une étonnante opposition : tu cristallises les souvenirs tandis que j’initie mes touristes à de nouvelles conquêtes.
(La dessinatrice de bandes dessinées s’est reconvertie en guide touristique.) De temps à autre, durant mes heures de pause, j’esquisse des croquis ou plutôt, je gribouille.
— S’il te plaît, décline-moi les qualités d’une créatrice de BD.
— Deux valeurs démonstratives se révèlent indispensables : avoir un goût imaginable, développant le sens de l’innovation, et posséder une personnalité affirmée afin de capter les lecteurs, sans cesse en quête de nouveautés. Grâce à ta propre créativité, tes personnages envoûteront tes nouveaux adeptes.
Enfin, il faut savoir dessiner, manier le crayon avec aisance et s’octroyer du talent.
Noël s’est plié aux exigences d’une nouvelle année. Êtes-vous submergé par la neige ?
— Sisteron, vêtu d’un épais manteau blanc, s’est endormi temporairement. Durant cette hibernation forcée, je classe de nombreuses photos, tout en les plaçant dans des albums.
Janvier a dissous une année prometteuse.
Lors des fêtes de Noël, esseulé devant une sombre solitude, un groupe d’amis juifs s’est joint à moi et, avec une ample satisfaction, deux nouveaux domaines se sont déployés : la cacheroute et le sabbat, au cœur de la sorcellerie.
Le sabbat, au creux de la sorcellerie, ne m’est pas inconnu. En Europe, durant des cérémonies païennes, le sabbat, ou assemblée nocturne des sorcières, dévoilerait des banquets et pourtant, une différence s’impose : le sabbat des sorcières demeure une institution légendaire tandis que le sabbat ou chabbat est le jour de repos traditionnel des Juifs.
Au Moyen Âge, plusieurs textes chrétiens de démonologie désignaient le sabbat des sorcières comme une synagogue des sorcières ou synagogue du diable, à cause de l’analogie entre ces deux termes mais aussi parce que les rites et les usages juifs étaient mal considérés par les antijudaïstes. Dans de nombreux écrits, le sabbat s’exprime Esba.
Pourtant, par la Bible, nous savons qu’il provient du mot hébreu « sabbat », dérivé étymologiquement du chiffre sept, portant une grande importance dans la Bible et dans les mythologies égyptiennes et babyloniennes, liées aux observations des astres.
Dans l’Antiquité romaine, le Sallmann affirmait que la strix, créature cruelle, volait la nuit afin de dévorer les enfants et pomper les forces des adultes.
Dans les Alpes françaises, vers 1400-1430, plus précisément dans le Valais et les diocèses de Sion et de Lausanne, Jean-Michel Sallmann déclara qu’il se passait ceci : « Des sorcières et des sorciers s’enduisaient le corps d’un onguent, fait de chairs d’enfants sacrifiés et volaient dans les airs rapidement sur des animaux ou des balais, se rassemblant dans un lieu écarté et participant à une cérémonie présidée par le diable, représenté par un bouc.
Cette fête se terminait par une orgie générale où les sorciers s’accouplaient avec des démons succubes et les sorcières avec des démons incubes. Puis, un grand festin s’effectuait où des enfants étaient dévorés.
Selon les traditions, les légendes et les contes, le sabbat était célébré dans une clairière, une lande, dans un endroit désert, près d’une source ou d’une fontaine. Une danse rituelle, seule trace tangible, laissée par les participants au sabbat, se déroulait à l’intérieur d’un cercle de pierres.
Le sabbat n’a pas lieu le samedi mais plutôt la veille des fêtes chrétiennes. Dans la plus lointaine tradition, il semblerait qu’il se revendiquait dans la nuit de jeudi au vendredi. Les solstices et les équinoxes témoignent des dates importantes : le 2 février correspondait à la Chandeleur, ainsi que le 1 er mai ou le 1 er novembre. »
— Quel puits de culture !
— Lors du réveillon de Noël, mes amis juifs du club photo m’ont exposé la cacheroute.
— Chaque prénom détient une définition. As-tu approfondi ceux de tes collègues ?
— Non, car je ne me suis pas penché sur ce sujet. Acceptes-tu de me les dévoiler, tout en n’empiétant pas sur ton temps ?
— Pour toi, j’ai tout le temps du cadran. Munis-toi d’une feuille et d’un stylo et je te rappelle.
Un vieil abécédaire à portée de main, ravie, elle apostrophe à nouveau son ami d’enfance :
— Décline-moi les prénoms dans l’espoir d’émoustiller ta curiosité.
— Elyakim, Kalonymos, David et Malkiel pour mes amis hommes et Guéoula, Malka, Rachel et Shayna pour mes collègues femmes. Suite à un court mutisme, Pascaline développe : Elyakim signifie : « Mon Dieu va établir. » Kalonymos : Clément. David : bien-aimé et second roi d’Israël. Malkiel : Dieu est mon roi. Guéoula : rédemption. Malka : reine. Rachel : brebis et Shayna : jolie.
Ébahi, Yves reste muet puis, reprend :
— Pascaline, tu constitues une invraisemblable encyclopédie. Chapeau bas !
La cacheroute (convenance des aliments et de la cuisine) constitue l’un des principaux fondements de la culture juive, de la loi et de la pensée.
D’une part, elle regroupe l’ensemble des critères, désignant un aliment animal ou végétal, comme permis ou non à la consommation et l’ensemble des lois, permettant de la préparer ou de la rendre propre à la consommation. Avec ces lois, les aliments conformes se disent « kascher », aptes ou convenables à la consommation.
Le terme « kascher » se dévoile une seule fois dans la Bible hébraïque et est rendu convenable en français. Le mot convenable souligne la valeur de Darius I qui assista les Judéens dans la reconstruction du temple que la Talmud qualifie de « roi kascher ».
Dans un contexte religieux, non alimentaire, conventionnellement, le terme Kascher est employé pour signifier : propre au rituel et son antonyme se révèle disqualifié.
Il s’attribue à un verre de vin, un rouleau de la Torah, une Mezouza et tout autre objet ayant pour fonction de réaliser le rituel. L’antonyme de kascher constitue dans ce cas est impur, désignant un aliment ne pouvant en aucun cas servir au rituel du repas : le porc, par exemple, soit déchiré potentiellement, acceptable pour la consommation mais impropre par suite d’une mauvaise application du rituel.
Plusieurs principes se dévoilent dans la cacheroute. Nombreuses et variées, les lois de la cacheroute dérivent de divers passages de la Torah.
Des règles principales s’en dégagent : les aliments d’origine animale nécessitent des signes particuliers et, dans le cas des mammifères et des volailles, ils doivent provenir d’espèces particulières. Abattus de manière rituelle, les parties interdites à la consommation, dont le sang, le nerf sciatique et la graisse doivent être retirées. L’agneau ne peut être cuit dans le lait de la mère. Seul le lait des espèces licites doit être consommé.
Pour les aliments d’origine végétale : afin de s’assurer de l’absence de parasites visibles à l’œil nu, ils doivent être vérifiés. Certains délais doivent être surveillés et dans le cas des produits de la récolte en terre d’Israël, les dîmes sont prélevées. Lors des jours saints spécifiques et uniquement lors de ces jours, des lois supplémentaires s’appliquent. Certains aliments sont impérativement préparés en grande partie ou en exclusivité par des enfants d’Israël. Pour leur préparation, les plats non kascher transmettent aux ustensiles utilisés leur imp