Douleur, quand la Fibromyalgie s invite
70 pages
Français

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Douleur, quand la Fibromyalgie s'invite , livre ebook

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Description


« Il n’y a ni prince charmant ni bonne fée. Il n’y a que Douleur. »


Cette histoire n’est pas un conte, c’est un témoignage. Douleur, n’est ni mon amie ni mon ennemie. Elle m’accompagne tous les jours, toutes les heures, depuis des années. Mais la plus grande souffrance est de ne pas être entendue, ne pas être écoutée. Que faire quand même vos proches ne vous croient pas ?


Douleur, il n’y a aucun mot pour la décrire et pourtant je trace sur la feuille blanche la torture qu’elle m’inflige. Cette douleur dont je n’ose prononcer le nom par pudeur, par honte, je l’écris : Fibromyalgie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383513698
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Auteur de :
La bande à Fyzu , jeunesse Bastberg, 2013
« Le Lamineur », Nouvelles Fraîches (recueil) , Auxilivre, 2013
Tableaux Noirs , bribes de vie à l’école, L’Harmattan, 2014
Le dragon passeur , jeunesse Doméditions, 2015
Le portail blanc , Doméditions, 2016
Brindille , jeunesse Doméditions, 2016
Papoupoum , jeunesse Doméditions, 2017
Le jardin des chats , Doméditions, 2018
L’ami d’avant , Auxilivre, 2020
Exergue
« Chaque douleur est une mémoire. »
Éric Fottorino
« La pire des souffrances, c’est celle qu’on ne peut pas partager. »
Louise Lambrichs
J’ai mal
J’ai mal.
Oui, je sais, les contes commencent toujours par : « il était une fois… » . Mais voilà, cette histoire n’est pas vraiment un conte. Il n’y a ni prince charmant ni bonne fée. Il n’y a que douleur.
J’ai mal.
Les trois mots que je prononce avec vigilance et prudence quand le médecin me demande comment je vais.
J’ai mal.
Les trois mots que j’articule avec timidité, avec honte. Car j’ai honte d’avoir mal. Car on me fait avoir honte. Je prononce ces mots avec culpabilité. La culpabilité d’avoir mal. Je m’en excuse presque. Je demande pardon d’avoir mal. Pardon de vous déranger quand j’ai mal. Pardon d’avoir mal. Pardon de prendre de votre temps, car j’ai mal. Pardon de vous demander de l’aide, car j’ai mal. Je suis coupable. Mon délit : avoir mal. C’est étrange comme sentiment. C’est humiliant d’avoir mal et de se sentir coupable. Je me sens misérable, fragile, vulnérable. Je me sens dévalorisée, déconsidérée. Non, c’est ma douleur qui n’est pas considérée. Ce manque de déférence augmente ma souffrance. J’ai mal et je suis coupable. La douleur et moi. La douleur est moi. Je suis la douleur. Se taire, ne pas dire sa douleur. Cette douloureuse culpabilité entraîne le silence. Lorsque je parle d’elle, on me renvoie à mon être, à ma personne, ma personnalité, mon tempérament. Lorsque je parle d’elle, on me renvoie à mon essence, à ma vie, à mon existence. Lorsque je parle d’elle, on me juge, on m’ordonne, on m’accuse. Faire, avoir fait, ne pas faire. Coupable. Tu es coupable. La douleur est ta punition. Ne pleure pas, ne crie pas, ne te plains pas. C’est comme ça. C’est la vie, c’est ta vie. Coupable. Coupable d’avoir mal. C’est effrayant d’être un accusé. C’est dégradant d’être un coupable. Mais c’est bien cela. Je suis un scélérat, un criminel de la douleur. J’ai honte. Honte d’avoir mal. Honte de devoir m’excuser d’avoir mal. Je cache mon déshonneur dans une confusion. La gêne est palpable. Je prononce ces trois petits mots qui sont une infamie.
J’ai mal.
Je les articule avec appréhension, car ces trois mots, sont des mots qui embarrassent. Trois mots défendus, censurés et cette censure me fait encore plus mal. C’est un abaissement, une dégradation, une humiliation. Des mots mensongers. Des mots imaginés. Une douleur imaginaire, inventée, irréelle, somatisée. L’imposture d’un tire-au-flanc, d’une feignasse, d’un jean-foutre. Des mots faux qui sortent de la bouche d’une mythomane. Je suis une usurpatrice de la douleur. J’en arrive à me demander si j’ai vraiment mal. Le doute s’installe. Et si j’étais folle ? Mais la douleur me rappelle à l’ordre. La douleur s’impose. J’oblige le médecin à m’entendre, à m’écouter, à me croire.
J’ai mal.
Mais où ? J’ai mal ! J’ai mal partout ! Tout simplement et effroyablement, j’ai mal. J’ai mal partout, tout le temps. Mais la réponse reste la même.
Rien de grave. Le stress, la fatigue, l’usure, l’âge, les grossesses, le burn-out, le travail, la famille, la société, la vie. Rien de grave. Certes, rien de grave, mais j’ai mal, tout le temps, partout. La réponse est la même : tout le monde a mal, la planète entière a mal, elle ne s’arrête pas de tourner pour autant !
Oui, le monde entier a mal. Le monde entier va mal. Mais moi je vous parle de mon mal. Simplement le mien et celui de personne d’autre.
J’ai mal.
Les trois petits mots banals, insignifiants, que je bafouille. La réponse est inchangée. Rien de grave. La douleur, c’est vous. C’est dans votre tête. Une douleur façonnée dans votre cerveau, par votre stress. C’est une fausse douleur. Une vraie fausse douleur. Vous n’avez pas vraiment mal, vous pensez avoir mal. La douleur c’est vous. Je ne comprends rien. J’ai mal. Une vraie douleur insistante, persistante. Une douleur, comme un être qui me détruit de l’intérieur. Un adversaire qui me broie, qui m’écartèle, qui me tourmente, qui m’écrase. Un monstre qui me lamine, me concasse, me désagrège. Cette douleur est dans votre tête. Non ! Cette douleur est dans mon corps, pas dans ma tête. Je ne suis pas dingue. Je crie. Je me défends. Je ne suis pas coupable. Je suis innocente. Je suis la victime d’une souffrance implacable et inflexible. Je suis le souffre-douleur d’un bourreau acharné. Aidez-moi ! Mes plaintes restent sans réponse. Je n’ai pas d’avocat. Je suis mon défenseur. J’ai mal. Croyez-moi ! Cherchez et dites-moi pourquoi j’ai mal.
J’ai mal.
Les trois petits mots que je hurle. Mais personne ne les entend. Ils dérangent, ils importunent, ils fâchent, ils fatiguent. Ces trois mots, comme une bouteille à la mer. Une bouteille qui ne touche pas le sable d’une plage tranquille. Une bouteille que personne ne ramasse pour en lire le contenu. Une bouteille ballotée par les flots. Une bouteille emportée par le ressac et qui se fracasse sur les rochers. Le message est pulvérisé. Personne ne peut le lire, le déchiffrer. Naufragée, je suis seule avec ma tempête. Hurler, pleurer ne sert à rien. Il n’y a personne pour m’écouter. L’indifférence irradie mon corps, ma tête, mes pensées. Elle se déverse dans mon être comme une sève vénéneuse qui gangrène ma vie.
Alors les trois mots je les chuchote, car je ne veux plus qu’on les entende. Je les chuchote au vent. Je les chuchote à la pluie, au soleil, aux nuages, au ciel, aux arbres, aux oiseaux. Les mots s’éparpillent et se perdent. Trois mots que je murmure, psalmodie, balbutie, comme une conjuration. Trois petits mots que je suis la seule à entendre et à percevoir.
J’ai mal.
Trois mots que j’écris, pour moi, pour les autres. Dans le silence d’un cahier, dans le bruissement d’une page que je tourne, dans le frottement de ma plume sur le papier, les trois mots se composent, se griffonnent. La douleur se crayonne, se dessine. La souffrance s’inscrit, se grave et s’imprime. C’est ma douleur, celle dont on ne connait ni l’origine ni le nom. Celle qu’on ne voit pas. Celle, sournoise, qui vous anéantit. Celle dont vous ne voulez pas. Sur la page blanche, elle prend vie. Sur les lignes, la douleur ondule avec délicatesse. Ces trois mots qui se lisent. Les questions se rédigent et s’orthographient dans un langage torturé. Les trois mots que je consigne, pour ne pas les oublier. La plume crisse sur le papier qui hurle. L’encre, larme colorée, tache la feuille immaculée.
J’ai mal.
Voilà, cette histoire qui n’est pas un conte commence comme ça. Dans mon histoire, il n’y a que médecins et examens. Il n’y a que douleurs. Il n’y a qu’incompréhension, doute et méfiance.
J’ai mal.
6 décembre 2019
Je quitte ma séance de dédicace. Discrètement. Aussi silencieusement que je peux, car les clochettes de mon pull de Noël tintinnabulent allégrement. Les yeux curieux de mes amis auteurs suivent le moindre de mes mouvements. Je range ma pile de livres. J’écris un petit mot à l’attention de mes lecteurs : «  de retour demain . » Je quitte en tapinois ma chaise. Mais, déjà, s’élèvent autour de moi des questions. Je réponds : « Je reviens demain, je dois partir chez le médecin. Rien de grave. À demain. »
Je quitte la séance de dédicace, fébrile, pressée, anxieuse. Je salue le responsable de la librairie. Je confirme ma présence du lendemain. Je pars. Je jette un dernier coup d’œil sur ma pile de livres. Ma chaise est bien rangée, mes livres aussi. J’entends derrière moi la voix criarde d’une auteure : « Elle part, c’est bien pour nous, car je ne sais pas ce qu’elle fait aux gens pour vendre autant ! On a aussi droit à notre part. » Je m’en vais et je te laisse ta part de gâteau, ne t’inquiète pas. Pour le moment, j’ai d’autres chats à fouetter que de savoir qui remporte la palme des plus grosses ventes de livres. Pardon d’écrire des histoires qui plaisent aux gens.
Un dernier mot à une amie illustratrice. Je pars. Je quitte sereine et calme, le petit salon du livre. Dehors, les éléments se déchainent. Il ne fait pas vraiment froid. Mon corps tremble pourtant de froid. Le vent souffle fort. Les nuages gris menacent et se déchirent avec brutalité. Il pleut.
Nous sommes le vendredi 6 décembre 2019. Je marche vite sur l’immense parking de l’hypermarché, pour rejoindre ma voiture et me mettre au chaud. Je frissonne. Le froid et l’humidité accentuent les douleurs de mes mains, de mes doigts, de mes pieds. Je me hâte. Je peine à marcher. Une bourrasque me déséquilibre. Autour de moi, les gens courent, marchent vite sans regarder où ils vont. Un chariot me percute. Une douleur électrique transperce ma hanche. Pas un mot d’excuse. Le conducteur du chariot ne m’a même pas vue. Les gens sont cons, impolis, centrés sur leur nombril et ça m’énerve. La pluie et le vent me rendent invisible. Je me dépêche. Un clic et la portière de ma voiture est ouverte. Je jette mon sac sur le fauteuil passager. Je me hisse dans le véhicule. J’ai la tête qui tourne. J’ai la nuque douloureuse. J’ai les mains engourdies. Je mets le contact. J’appuie sur le petit bouton siège chauffant. Le siège chauffant est

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