GO Magazine n°787 du 16 au 22 Octobre 2019

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• Hebdomadaire

Informations

• Publié par: GO Magazine
• Date de parution: 16 octobre 2019
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 63 Mo

Extrait

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Par Nina Kra
Chères lectrices, chers lecteurs, partagez vos émotions et vos expériences de la vie à travers cette rubrique.
Contact : GO MAGAZINE “LES COUPS DE LA v IE”, 10 BP 399 ABIDJAN 10 /[e-mail]
me ou appelez directement M Ouattara Anzata au 07 93 56 36.
La priso n
à vie !
ous ne voulons pas justifier ce
qui n’est pas justifiable. De
toutes les façons, nous neN sommes pas avocat. Nous
voulons tout simplement tenter de comprendre
ce qui peut se passer dans la tête d’un violeur
d’enfants pour qu’il puisse commettre de tels
actes.
C’est un secret de polichinelle de dire que les
abus sexuels sur les mineurs sont devenus
monnaie courante en Côte d’Ivoire. Il ne se
passe pas une semaine sans qu’on apprenne
qu’un enfant a été enlevé et abusé par un
adulte. Cette situation faut-il le rappeler,
créé la désolation chez les parents des
victimes.
Cette semaine, Dr Tovi, psychologue, nous
explique en substance qu’au plan
psychologique, les hommes qui abusent des enfants
sont identifiables. Par certains
comportements, nous pouvons les reconnaître. Chez
eux, le niveau d'estime de soi est bas. Ces
abuseurs d’enfants manquent de confiance
en soi. Les difficultés qu'ont ces personnes à
communiquer avec les autres, sont très
prononcées. Aussi, ces individus n’arrivent-ils
même pas de convaincre des femmes de leur
âge à avoir des rapports sexuels avec eux.
Pour contourner cet état de fait, ces derniers
cherchent à s'imposer et à imposer leurs
désirs sexuels aux personnes plus faibles pour
satisfaire leur libido. Ce déclin est la somme
du rejet dans l’enfance. Ces personnes ont eu
une enfance difficile à l’âge de 3 ans.
Au regard de ce qui précède, il va sans dire
que les violeurs d’enfants sont des produits
des familles et de la société. Pour pallier ce
grave problème, en plus des peines de
prisons, il faut une prise en charge de cette
catégorie de personnes pour éviter que leur cas
ne s’aggrave et qu’elles ne deviennent des
récidivistes notoires comme on en voit dans nos
prisons. La Côte d’Ivoire a été de nombreuses
fois ébranlée par des cas de violences et
d’abus d’enfants. Que cela cesse !
Aux parents des victimes, je vous exprime
toute ma compassion et mon soutien. Mais
au-delà, il va falloir redoubler de vigilance.
Ne confiez pas toujours vos enfants à de
tierces personnes sous prétexte que c’est un
ami de la famille. Ouvrez grand les yeux
parce que les prédateurs rôdent. Merci à la
ministre Bakayoko-Ly Ramata, ministre de
la Femme, de la Famille et de l’Enfant
(MFFF) de monter au créneau pour
condamner ces actes de barbarie. Il était
vraiment temps. La décision d’emprisonner
à vie les violeurs d’enfant est un
soulagement. N’empêche, si le mal peut être
soigné à la racine, cela pourrait prévenir de
tels actes. Et c’est ce que tente d’expliquer
Dr Tovi dans cette interview que nous
vous conseillons vivement de lire. Sans
modération !
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Je crois qu’il me sera difficile d’oublier cette Cependant, dès l’âge de 3 ans, il est devenu incon- et d’autres centres d’intérêts. Il passait des jours
épreuve. Je l’aurai sur ma conscience toute la vie. trôlable. Il nous donnait du fil à retordre. On avait sans rentrer à la maison. Ma mère n’arrivait pas à
l’impression qu’il faisait toujours le contraire de le canaliser. Comme nous, elle avait échoué à faire
Il y a 2 ans, j’ai envoyé mon fils Kassi dans mon
vilce qu’on lui demandait de faire. Il était turbulent du petit un homme sage. Malgré tout, mon
lage pour, selon moi, le recadrer. Kassi avait 8 ans,
et arrogant J’ai essayé de le recadrer, mais je n’y épouse et moi avons décidé de le maintenir au
vilc’était mon seul fils. Avant lui, mon épouse et moi
suis pas parvenu. Il se fichait pas mal de mes re- lage. Pour nous, il valait mieux qu’il y reste le plus
avons eu une fille. Elle a 15 ans aujourd’hui. J’ai
montrances. Lorsque je l’ai inscrit à l’école, j’y longtemps possible. En fait, nous craignions qu’il
toujours rêvé d’avoir un garçon. Lorsque Amelan,
étais convoqué tous les jours pour ses nombreuses ait de mauvaises fréquentations en ville qui
pourmon épouse était enceinte, la première fois, je
gaffes. Il insultait les enseignants et se bagarrait raient conduire à sa perte.
priais Dieu afin qu’elle me donne un garçon.
avec ses camarades. Je me sentais impuissant. Sa
J’étais persuadé qu’un garçon, premier enfant Puis, un jour, ma mère m’a appelé pour
m’informère également. Il a été renvoyé de l’école privée
d’une famille, c’était la meilleure chose qui pou- mer que Kassi était souffrant depuis deux jours.
dans laquelle je l’ai inscrit. Pourtant, ça m’avait
vait nous arriver. Je voulais absolument un qui se- Elle a ajouté qu’elle a profité de sa maladie pour
coûté une fortune.
rait mon héritier. Un garçon à qui j’inculquerais lui donner une leçon. Cette leçon, c’était de le
prides valeurs afin qu’il soit exemplaire. Malheureu- Alors, nous avons pris la décision de l’emmener au ver de soins santé pour le faire souffrir
davansement, Amelan a accouché d’une fille. Ma fille village afin qu’il prenne conscience qu’il n’est pas tage. Elle le nourrissait à peine parce que,
savait faire plaisir à ses parents. À l’école, elle seul au monde. Kassi avait 8 ans lorsque nous disait-elle, il méritait la maladie. C’était du pain
était excellente. Malgré la joie qu’elle nous pro- l’avons conduit auprès de ma mère. Mon épouse béni pour l’assagir. Pendant ce temps, mon fils se
curait, je harcelais mon épouse pour qu’elle me et moi étions persuadés que là-bas, elle lui don- tordait de douleur. Il souffrait tellement qu’il
n’arfasse un garçon. Pour moi, quelle que soit la qua- nerait l’éducation qu’il fallait. Le village n’était rivait plus à parler. Il agonisait. C’est alors que ma
lité d’une fille, elle ne vaut pas un garçon. pas électrifié. Notre enfant n’avait plus les com- mère a paniqué. Elle l’a conduit à l’hôpital. Il était
L’homme incarne la puissance et l’autorité. J’en modités auxquelles il était habitué en ville. Au vil- déjà inconscient. Mon épouse et moi avons couru
voulais dans ma descendance. lage, il serait obligé d’aller aux champs, de puiser à son chevet. Le médecin a détecté un paludisme
de l’eau au puits pour les besoins de la maison. et une anémie sévère. Il était en colère contre ma
Dieu étant amour, six années après la naissance
Ma mère était ravie de l’idée. Elle était convain- mère. Il lui reprochait de ne l’avoir pas conduit à
de Jeanne, mon épouse est tombée à nouveau
encue que cette expérience aurait pour effet de l’hôpital plus tôt. Ma mère pleurait à chaudes
ceinte. Elle savait pertinemment qu’elle n’avait
transformer mon fils. Pour sa mère et moi, c’était larmes. “ Docteur, c’était pour le corriger. Il ne
respas intérêt à accoucher d’une fille cette fois. Je
une punition qui en valait la peine. Curieusement, pecte personne’’, lui a-t-elle répondu. Nous étions
reconnais lui avoir mis la pression. Je lui ai fait
Kassi s’est très bien intégré au village. Il aimait inquiets. L’état de santé de Kassi se dégradait. Et
comprendre que je serais profondément déçu si
aller au champ, cultiver la terre et poser des le pire arriva. Notre fils rendit l’âme sous nos
elle me donnait une autre fille. A l’accouchement,
pièges à rats. Tout le village le connaissait. Cer- yeux.
j’étais ravi d’apprendre que Dieu avait exaucé mes