La Fonction statistique et études économiques dans les services de l Etat : rapport au Premier ministre
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Description

Examen de la fonction statistique et études économiques dans les services de l'Etat. Les principales conclusions sont les suivantes : - Les principes d'organisation du système statistique sont rationnels et satisfaisants ; des progrès restent à accomplir dans les domaines de la protection sociale, de l'environnement et de l'immigration ainsi que dans la rationalisation des systèmes d'enquêtes statistiques. - La fonction études économiques est souvent faible ; afin de renforcer les capacités d'élaboration et d'évaluation des politiques publiques, les services d'étude économique devraient être considérés comme parties du dispositif décisionnel de l'Etat.

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Publié par
Publié le 01 décembre 1997
Nombre de lectures 9
Licence : En savoir +
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Langue Français

Extrait

Le Premier ministre
Monsieur Edmond Malinvaud, professeur au Collège de France 11, place Marcelin-Berthelot 75231 Paris Cedex 05
Paris, le 17 juillet 1996
Monsieur le professeur, La réforme de l’État est au premier rang des priorités de notre pays pour les prochaines années. Les principes et objectifs de cette réforme ont été présentés dans une circulaire publiée au Journal officiel du 28 juillet 1995. À l’issue d’une première phase de travail interminis-tériel et de concertation, le Gouvernement vient d’adopter un ensemble d’orientations et de décisions. S’agisssant plus particulièrement de l’État central, il est nécessaire de renforcer ses capacités d’élaboration et d’évaluation des politiques publiques. À cette fin, le Gouvernement a retenu plusieurs lignes d’action dont l’une concerne la fonction «.statistique et études économiques.». Celle-ci, qui relève d’organismes divers (INSEE, direction de la Prévision, services statistiques des ministères spécialisés...) doit être rationalisée de façon notamment à mieux répondre aux besoins d’évalua-tion et de prospective, aujourd’hui inégalement satisfaits dans les différents secteurs d’action de l’État. C’est pourquoi, le Gouvernement souhaite disposer, avant la fin de l’année 1996, de propositions visant à améliorer les outils, les méthodes et l’organisation actuels. Je vous remercie d’avoir accepté de prendre la responsabilité de formuler de telles propositions. Votre mission porte en premier lieu sur les activités d’études économiques au sein des services de l’État. Il vous appartiendra de mener une large investigation afin de déterminer les zones de force et de faiblesse, d’examiner la pertinence des méthodes et des outils, de proposer des améliorations là où elles s’imposent, enfin de décrire les modes d’organisation propres à améliorer les conditions d’élaboration et les instruments d’évaluation des politiques publiques. En ce qui concerne la fonction statistique, vous étudierez comment assurer une bonne liaison entre activités statistiques et études, garante de la mobilisation et du traitement efficace des informations nécessaires. Pour ce faire, vous tiendrez compte de l’étude sur la rationalisation du dispositif statistique public réalisée en novembre 1995 par le Conseil national de l’information statistique. Pour mener à bien vos travaux, vous pourrez prendre l’initia-tive de toute consultation qui vous semblera utile et vous disposerez du concours actif et direct de l’ensemble des administrations concernées.
Vous prendrez tout particulièrement en compte les réflexions qui sont menées, notamment par le Commissariat général du plan, sur lexercice des missions de planification stratégique et dexpertiseécono-mique et socialeà moyen terme. Je vous prie de croire, Monsieur le professeur,à mes sentiments les meilleurs.
Alain Juppé
Préambule
Sommaire
Chapitre I Un bref état des lieux
Chapitre II Quelques lignes directrices
Chapitre III Santé et protection sociale
Chapitre IV Les défis de l’économie de marché
Chapitre V Sphère productive
Chapitre VI Population, emploi et cadre de vie
Chapitre VII Information macro-économique
Conclusion et principales propositions
Sommaire
Sommaire
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17
39
55
81
103
127
147
5
6
ANNEXES
Annexe 1 Comment alléger la«.charge statistique.» des entreprises.?
Annexe 2 Auditions du rapporteur
Table des matières
Sommaire
153
163
167
Préambule
Dans le cadre de leffort pour reformer l’État et notamment renforcer ses capacités d’élaboration et d’évaluation des politiques publi-ques, la mission sest vue confier l’étude de la rationalisation de la fonction«.statistique etétudeséconomiques.». Deux objectifs doiventêtre visés : dune part, accroître la qualitéet contenir le coût du service public offert par le système statistique et par lesétudesà d vocationinformation générale.; dautre part, contribuerà l rendre’État plus efficace, par laide technique auxétudes prospectives, ainsi qu’à l’élaboration,à la mise en œuvre età l’évaluation des politiques. Il sagit donc de trois groupes de prestations, qui font certes appelà comp desétences voisines et portent sur des objets voisins, mais nen sont pas moins distinctes et seront souvent distinguées dans ce rapport : statistiques,études sur les phéno-mènes et problèmes socio-économiques intéressant notre pays, aide aux décisions publiques en matièreéconomique et sociale.Préambule
La qualité des prestations actuelles et lorganisation adminis-trative dans laquelle elles se réalisent sont le produit dune histoire qui remonte aux premières années de laprès-guerre et même au-delà. Exami-né pr deès ce fait témoigne des longs délais requis pour instaurer tout système performant de collecte et danalyse dinformations : la mise en place des structures institutionnelles, la formation des personnels, la constitution des outils, laccumulation des données et des synthèses sont autant dinvestissements. En lespèce lhistoire a réponduà une logique, certes influencée par les conditions de l’époque et par les choix faits depuis, mais encore largement valable. Aussi ne faut-il pas sattendreà découvrir des voies essentiellement nouvelles. Il convient plutôt de combler les lacunes qui subsistent, de renouveler leffort là où s ilest relâché et de le réorienter pour répondre aux changements des besoins ou du contexte dans lequel opère la fonctionétudiée.
Ce rapport se situeà un moment de notre histoire où la contrainte de rééquilibrage des budgets publics a une sévérité particulière et où priorit certainesés sont plus aiguës que par le passé : la rationali-sation de notre protection sociale exige tout un système nouveau dinfor-mations et un effort particulier d’évaluation des politiques.; ladaptation
Préambule
7
à des conditions de marché radicalement transformées exige un renouvel-lement des analyseséconomiques et sociales. Ce rapport ne peut pas prétendre tout embrasser, ni traiterà fond tous les problèmes quil considère. Il sefforce de signaler par sa rédaction ses omissions les plus sérieuses, ainsi que les conjectures que le rapporteur na pas eu les moyens de vérifier et qui importent cependant pour le bien-fondé de certaines propositions. Avant de passer en revue les divers secteurs daction de l’État, en commençant par ceux nécessitant un examen prioritaire, il paraît utile de jeter un regard rapide sur le dispositif actuel, puis de sattarderà bien dégager quelques principes et lignes directrices sappliquantà lensemble des secteurs, mais devant faire ensuite lobjet dune déclinaison pragma-tique propreà d chacunentre eux.
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Préambule
ChapitreI
Un brefétat des lieux
Le servi
ce public des statistiques
Aprèseconde guerre mondiale, la France disposait des la bonnes statistiques démographiques, depuis plusieurs décennies déjà.; mais son retardétait manifeste vis-à-vis des pays anglo-saxons et de lEurope du Nord dans tous les autres domaines des statistiquesécono-miques et sociales.Un brefétat des lieux
Au cours des cinquante dernières années le retard aété à peu près comblé, quoique chacun des autres pays développés puisse sans doute prédes statistiques plus riches ou plus prsenter écises dans un domaine ou un autre, lAllemagne par exemple pour les statistiques industrielles.
Par rapportà homologues sesétrangers, lesquels ont adopté des organisations variées, le système statistique français est fortement structuré. LINSEE y joue depuis cinquante ans un rôle majeur, par leffectif de son personnel (6.623 agents au 1erjanvier 1996), par sa fonction de coordination et par les carrières quil assureàla plupart des cadres des autres services statistiques publics. Néanmoins, ces derniers exercent des fonctions indis-pensables et disposent de moyens substantiels (3.051 agents au total).
Dans son principe l sur lorganisation actuelle reposeidée que les statistiques sont plus pertinentes et plus fiables dès lors quelles sont régulièrementétabliesà proximité des utilisateurs les plus compétents sur le champ couvert,à proximité également des détenteurs des plus importantes sources administratives dinformations sur ce champ.À une exception près qui date dun passé (celle du ministmaintenant lointainère de lIndustrie), les services statistiques des ministères ontété établis avec laccord ou sous limpulsion de lINSEE. LInstitut assume la charge de nombre dopérations utiles aux ministères (enquêtes auprès des ménages,élaboration puis tenue à jour de fichiers denquête et de nomenclatures). Ilétablit directement la plupart des statistiques sur la population, les ménages, les revenus et les prix, ainsi que celles relativesà des activités productives impliquant peu linter-vention directe de l’État (commerces et services). LINSEE est aussi chargé de calculer les indices synthé tenir la comptabilittiques et deénationale.(1).
(1) Pour plus de détail voir par exemple pages 7à 12 dans CNIS,Étude sur la rationalisation du dispositif statistique public, rapport préparépar MM. A. Mothe et J. Allain, décembre 1995. Par la suite ce document sera désignéCNIS (95).
Un brefétat des lieux
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Lefficacité dun système statistique public est difficileà évaluer. Les coûts ne figurent pas tous dans les budgets publics, puisque les personnes interrogées assument elles-mêmes le coût de recherche des réponses, que cela soit imposé par la loi sur lobligation statistique ou accepté bonne gr deâce en cas denquêtes non obligatoires. Mais surtout la valeur des données statistiquesétablies et publiéeséchappeà la mesure : elle concerne un service public le plus souvent gratuit et dont les utilisations sont nombreuses, notamment dans la fourniture dautres services publics nonévalués.
Néanmoins lefficacité syst duème français semble bien tenir la comparaison avec les paysétrangers les plus avancés en matière statistique. Les coûts sont chez nous relativement du même ordre, voire inférieurs.(1). Les prestations paraissentgrosso modo équivalentes avec en France des points forts et des points faibles. Les premiers tiennentà lprise par notre pays dans certains domaines ayant suscitavance relative é un intérêt nouveau (comptabiliténationale, statistiques sur les services...).; les seconds restent comme quelques témoins du retard considérable qui affectait les statistiques françaises il y a cinquante ans (statistiques industrielles par exemple).
Mais cette comparaison importe moins que celle entre les besoins dinformation de notre pays et les informations effectivement disponibles. Dans certains domaines, comme la santé et la protection sociale, les besoins croissent plus vite que la production statistique. Dans dautres on peut craindre que les restructurations et redéploiements imposés par leffort de rationalisation, par la rigueur des budgets publics et par le souci dalléger la charge des enquêtes dans les entreprises, aillent bien au delà de la réduction possible des coûts et de la suppression dopérations dont lintérêt serait devenu secondaire.; on peut dès lors craindre que l’évolution budgétaire se traduise par de dommageables détériorations. Cette préoccupation sera examinée de plus près, dabord en termes généraux dans le second chapitre de ce rapport, puis par la suiteà propos des divers secteursà couvrir par les statistiques.
Étudesà vocation dinformation générale
Linformationéconomique et sociale nest pas véhiculée inté-gralement par les statistiques. Celle contenue dans les statistiques nest pas directementévidente et exige, pourêtre entièrement découverte, un travail danalyse et dinterpréIl est en effet reconnu dans notretation.
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(1) Voir EUROSTAT,Organisation de la statistique publique dans lesÉtats mem-bres de la Communautéeuropéenne, 1993.
Un brefétat des lieux
pays que le service public dinformationéconomique et social doit faire plus qu’établir et publier des données statistiques.
Mais cette activité supplémentaire peut et doit sexercer con-curremment avec une activité privée de même nature, car la puissance publique na pas pour elle le même monopole naturel que celui résultant des coûts de collecte des statistiques. Quoiquelles puissentêtre plus ou moins lourdes, lesétudes exigent rarement plus que de petiteséquipes de personnes bien formées. De plus, lanalyse et linterprétation laissent davantage placeà limagination età subjectivit laé que la simple publication de données.; il est sain quelles soient menées par deux ou plusieurséquipes simultanément et quainsi le degré de robustesse des conclusions principales apparaisse mieux. Cette simple constatation avait inspiré àMM. Lenoir et Prot des propositions.(1)qui ontétésuivies deffet.
Il est aujourdhui reconnu quune activité d’étude de ce type est un complément quasiment indispensable des tâches effectuées par les services statistiques. Elle conduit les cadres de ces servicesà de regarder près le contenu des statistiques quils produisent, surtout quantà la pertinence des concepts retenus età la précision desévaluations fournies. Elle fait apparaître les premiers enseignements que les destinataires des statistiques devraient retenir. Elle permet de retourner une information souvent intéressanteà ceux qui ont répondu aux enquêtes.; elle peut ainsi favoriser de bonnes dispositions vis-à-vis de ces enquêtes. Enfin elle stimule ladaptation du système statistique et sa capacité à satisfaire des besoins en constanteévolution.
Depuis longtemps lINSEE publie desétudes présentant les résultats des statistiques quilétablit, et situant les enseignements de ces résultats par rapport aux préoccupations ou curiosités de l’époque. Au cours des deux dernières décennies de grands progrès ontété réalisés par les autres services statistiques, ou leurs directions ministérielles, en vue dopérer de même. Cela a contribué à mieux insérer les services dans leurs ministères, ainsi qu’àleur permettre un accès plus rapide aux sources administratives dont ils pouvaient tirer parti. La conduite d’études interprétatives sest ainsi révélée comme un facteur important de leffica-cité de ces services.
La question se pose de savoir si tout aété fait pour favoriser efficacement cette fonction de réalisation et de diffusion d’étudesà vocation dinformation générale. La question concerne lactivité des centres de recherche publics et des instituts privés, celle des enseignants et des médias, tout autant que celle des statisticiens. Elle se formule alors que lon constate quexiste encoreà sujet un retard de notre pays par ce rapport aux pays anglo-saxons. Cela tient sans doute surtoutà que ce nombre desétudes en cause exigent plus de technicité quon laurait crû, même quand il sagit simplement den diffuser les résultats. Comme la culture technique ne sacquiert pas vite et ne se répand pas vite dans une société, notre retard est naturel. Dailleurs l’évolution seffectue vers le
(1)Linformationéconomique et sociale, Paris, 1979.
Un brefétat des lieux
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