Au pied de mon orgueil
75 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Au pied de mon orgueil , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
75 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Louis-Karl Picard-Sioui assure la rupture. Pas de cri collectif. Pas de surenchère. Le rapport des peuples premiers avec la littérature opère ici une percée. Une nouvelle humanité se dégage. S’esquisse alors un parcours neuf avec Au pied de mon orgueil.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2013
Nombre de lectures 14
EAN13 9782897120139
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AU PIED DE MON ORGUEIL
Mise en page : Virginie Turcotte Illustration et maquette de couverture : Étienne Bienvenu Dépôt légal : 1 e trimestre 2011
© Éditions Mémoire d’encrier

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Picard-Sioui, Louis-Karl, 1976-
Au pied de mon orgueil
(Poésie ; 32)
ISBN 978-2-897120-13-9
I. Titre.
PS8631.I33A92 2011 C841’.6 C2011-940196-7 PS9631.I33A92 2011

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Conseil des Arts du Canada et du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.

Mémoire d'encrier
1260, rue Bélanger, bureau 201
Montréal, Québec,
H2S 1H9
Tél. : (514) 989-1491
Téléc. : (514) 928-9217
info@memoiredencrier.com
www.memoiredencrier.com

Version ePub réalisée par :
www.Amomis.com
Louis-Karl Picard-Sioui
AU PIED DE MON ORGUEIL
À Jean Sioui et Sylvie Nicolas
qui m’ont insufflé
cette foi inébranlable
en la poésie.
Prologue

Je collectionne des bouts de papier depuis mon enfance. J’ai toujours trouvé les mots moins cruels que les insectes épinglés, plus brillants que les pièces de monnaie et plus… pertinents que les timbres. Mes ancêtres étaient fascinés par l’écriture, par l’immortalité qu’elle insufflait aux idées. Peut-être est-ce cette quête d’éternité qui me mena à l’écriture.
Oh, j’ai souvent eu l’occasion d’exhiber mes bouts de papier. Je l’ai fait dans de nombreux collectifs, de même que dans un roman-jeunesse. Je les ai estampés dans des salles d’exposition, sur de nombreuses scènes, sur la Toile et même dans un film d’animation. Si j’ai toujours exhibé les mots que je voulais bien montrer, pour ce premier recueil de poésie, j’ai fait un autre pari : j’ai choisi des bouts de papier que je devais publier. Et j’ai tout de même assez vécu pour savoir qu’il y a toute une marge entre ce que l’on veut faire, ce que l’on peut faire et ce que l’on doit faire.
Bien sûr, en tant qu’auteur aborigène originaire de Wendake, cela aurait sûrement été plus rentable de jouer le jeu, de me présenter comme un chaman de la poésie, d’invoquer le ciel, la terre et leurs habitants. Oui, j’aurais pu sortir mes bouts de papier vert et bleu. Être là où l’on m’attend. Et vous voyez, j’aurais sûrement été dans mon élément. Après toute l’énergie que j’ai mise dans la revitalisation culturelle de ma nation, il n’y aurait pas eu grand monde pour me contredire. Peut-être suis-je seulement trop rebelle pour répondre à la demande d’un public en quête d’exotisme.
J’aurais aussi pu choisir mes bouts de papier noir et rouge, ceux de la revendication et de la lutte anticoloniale. J’aurais pu me présenter comme un simple messager, comme si chacun de mes mots incarnait le cri de mon peuple, le souffle des Anciens. Et, encore une fois, je n’aurais pas trouvé grand monde pour me contredire.
Oui, certainement, j’aurais pu publier mes bouts de papier vert et bleu. Et certainement, j’aurais voulu publier mes bouts de papier noir et rouge. Et je le ferai un jour, assurément, quoique pas aujourd’hui, pas ici. Parce que ce n’est pas ce que je devais faire. Parce qu’avant de parler au nom du ciel et de la terre, des ancêtres et de la nation, je devais m’inscrire dans ma propre histoire, là où se joue la plus grande lutte, celle de notre propre individualité.
Alors, j’ai cueilli et recueilli quelques-uns de mes bouts de papier. Certains mûrissaient depuis l’adolescence, d’autres venaient à peine de germer. Peu importe leur couleur, ils partageaient tous une certaine fragilité, une authenticité du sentiment. Le genre de bouts de papier qui aurait été plus facile de brûler et d’oublier. J’ai plutôt choisi de les réorganiser en un tout plus ou moins cohérent, de leur donner une nouvelle vie en les exposant à la lumière. Pour m’en délivrer. Pour me prouver que j’existais. Pour réclamer ma part d’humanité.
Ahskennon’nia (paix),
Louis-Karl Picard-Sioui
du temps qui n’en finit
plus de ne plus finir
un peu de tabac
juste une feuille ou deux
et peut-être quelques brindilles
pour la bonne mesure

quelques filets de fumée
pour prendre à témoin
l’invisible
deux perles de lune
hurlant la nuit
sur le coin d’un tapis
boule en main
un soir d’automne
redessine mon destin

deux perles de lune
m’invitant à sombrer
dans l’incandescence
ce que je fais
deux fois plutôt qu’une
sur le plancher de vinyle
dans des draps de coton
sur les coussins du lit
dans la garde-robe et partout
où la louve me fait envie
perles en main
soutenir la bravade
un destin tronqué
un fond de tirelire contre la Voie lactée
une lune engrossée
hurlant la mort du bien-aimé
perles en main
oser croire
croire encore
deux fois plutôt qu’une
des larmes de lune
perlant un visage bouffi
une errance intérieure

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents