Quelle est cette science que je pratique ?
111 pages
Français

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Description

Cet ouvrage propose à des lecteurs scientifiques ou simplement intéressés par la science de prendre un peu de recul sur la science et sa pratique. De nombreux textes, repères et références permettent de s’orienter dans les débats récurrents depuis l’Antiquité, les rapports entre science et religion, science et société, et la construction des démarches d’acquisition de connaissances. Un style simple et en même temps soigné permet une lecture facile sur des contenus parfois denses. De nombreuses anecdotes divertissantes rendent cette analyse philosophique et épistémologique agréable. Le lecteur passe un bon moment en s’interrogeant lui-même sur la science qu’il pratique ou qu’il pense connaître. L’ouvrage volontairement bref, léger malgré son érudition, suscite la curiosité pour approfondir les interrogations et les réflexions de chacun.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 janvier 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782759828258
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,2300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Philippe Depondt
Quelle est cette science que je pratique ?
Repères en histoire de la physique et épistémologie
Copyright

© EDP Sciences, Les Ulis, 2018
ISBN papier : 9782759822027 ISBN numérique : 9782759828258
Composition numérique : 2022
http://publications.edpsciences.org/
Cette uvre est protégée par le droit d auteur et strictement réservée à l usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette uvre est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. L éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales.
Présentation

Cet ouvrage propose à des lecteurs scientifiques ou simplement intéressés par la science de prendre un peu de recul sur la science et sa pratique. De nombreux textes, repères et références permettent de s’orienter dans les débats récurrents depuis l’Antiquité, les rapports entre science et religion, science et société, et la construction des démarches d’acquisition de connaissances. Un style simple et en même temps soigné permet une lecture facile sur des contenus parfois denses. De nombreuses anecdotes divertissantes rendent cette analyse philosophique et épistémologique agréable. Le lecteur passe un bon moment en s’interrogeant lui-même sur la science qu’il pratique ou qu’il pense connaître. L’ouvrage volontairement bref, léger malgré son érudition, suscite la curiosité pour approfondir les interrogations et les réflexions de chacun.
Table des matières Introduction « Lever le nez du guidon » Chapitre 1. La naissance de la science moderne : de la mécanique d Aristote au principe d inertie de Galilée Aristote La théorie de l impetus Galilée et le principe d inertie Les effets de l héliocentrisme copernicien Giordano Bruno Tycho Brahé Johannes Kepler Et enfin Galileo Galilei Chapitre 2. Galilée et Kepler : deux géants qui ne pouvaient pas se comprendre Chapitre 3. Sadi Carnot : comment un concept impropre et une analogie aboutissent à une découverte majeure Chapitre 4. « Sauver les phénomènes » de Osiander à Duhem Chapitre 5. Le matérialisme grec : Démocrite, l atomisme et bien d autres choses Aristippe Démocrite Épicure Lucrèce Chapitre 6. Nicolas de cues et la docte ignorance : le savoir construit Chapitre 7. L empirisme anglais : Bacon, Locke, Hume ; Newton face à Descartes ; l empirisme et les hypothèses Bacon Newton face à Descartes Locke Hume Chapitre 8. Après la révolution de la physique du début du XX e siècle Chapitre 9. Controverses contemporaines Chapitre 10. Et en fin de compte : quelle est cette science que je pratique ? Quelques lectures conseillées
Introduction

« Lever le nez du guidon »
C ommençons par une anecdote. J avais été invité à une soirée peuplée de « littéraires ». Unique et solitaire « scientifique » dans cet environnement, je m étais réfugié du côté du buffet (raffiné et abondant) quand, entre deux petits fours, quelqu un m aborda en me disant : « Vous êtes physicien, n est-ce pas ? C est très effrayant, non ? » Il voulait sans doute être aimable, mais de me voir ainsi assimilé à une espèce de Faust ou de docteur Folamour me hérissa le poil ; je répondis : « Oui mais rassurez-vous, je ne suis pas radioactif », ce qui mit fin à la conversation.
Mais la vérité vraie est que pour la majorité de nos contemporains, nous sommes en effet des docteurs Folamour en puissance, maîtres de forces terrifiantes, mystérieux et inquiétants apprentis sorciers potentiellement cataclysmiques !
Quand j étais étudiant dans les années 1970, on ne s interrogeait pas trop sur le bien-fondé de la science : la science soulageait les peines de l humanité [1] ! Tout cela a bien changé or, nous autres scientifiques pratiquants, sommes généralement immergés dans notre pratique, « le nez dans le guidon », et nous sommes tout surpris, voire légèrement désemparés, quand on nous demande des comptes sur notre activité, un peu comme le violoniste à qui l on demanderait après une journée à faire des gammes : « Mais, à quoi ça sert, un violon ? » La pratique scientifique est en effet lourdement technique : expérimentateur, on passera des heures à chasser la microfuite du bâti à ultravide ou à optimiser le rapport signal sur bruit dans telle ou telle configuration, ou bien, théoricien, on s acharnera à trouver le moyen de résoudre tel problème moyennant l usage de techniques mathématiques subtiles, de lourdes simulations sur ordinateur, ainsi que d approximations judicieuses. L activité de recherche scientifique tend à mobiliser ainsi toutes les ressources intellectuelles de ceux qui s y consacrent et ils n ont souvent guère le temps, la disponibilité ou le goût pour penser à autre chose.
Or, si la réflexion sur ce qu est la science est ancienne, complexe, traversée de polémiques, les scientifiques pratiquants, eux, tout à leur pratique, ont longtemps pu se passer de se poser trop de questions [2] : c est que la science s identifiait au progrès [3] , elle était son moteur, son incarnation, son moyen, peu importe. La stupéfiante évolution de nos conditions de vie en, disons, deux siècles, est restée longtemps un argument suffisant, en tout cas largement dominant, pour justifier notre activité ; mais depuis, mettons, le dernier quart du XX e siècle, ce n est plus le cas : confrontée à des critiques et à des questionnements nouveaux, renforcés, la science doit, pour continuer à exister, expliquer ce qu elle fait et pourquoi. Afin d être en mesure de le faire, les scientifiques doivent lever le nez du guidon, regarder le paysage autour d eux et se poser la question : « Quelle est cette science que je pratique ? » Il n est donc sans doute pas inutile d inclure cette question, et d autres apparentées, dans les cursus scientifiques, à l université et ailleurs.
C est, cependant, sans doute plus facile à dire qu à faire : cette question est tout sauf scientifique. Elle est (au moins) philosophique, morale, politique, sociale :
Philosophique . Qu est-ce que la science ? Qu est-ce qui différencie l activité scientifique des autres activités humaines ? Quel est le statut des énoncés scientifiques, des « lois de la nature » découvertes / produites par les scientifiques ? La science est-elle une opinion ? Y a-t-il d autres discours qui puissent concurrencer la science ? Quel est le rapport avec le monde réel ? Quel est le statut des perceptions sensibles ? Celui du raisonnement ?
Morale /éthique . La construction de la première bombe atomique a été sans doute une aventure scientifique extraordinaire pour ceux qui y ont participé [4] , mais le moins qu on puisse dire, c est que déchaîner une puissance aussi extravagamment dévastatrice contre des êtres humains peut susciter quelques interrogations
Nombreux sont les débats éthiques qui viennent à l esprit : peut-on prélever des cellules souches sur des embryons humains ? peut-on, en tant que scientifique « fondamental », se désintéresser des conséquences des applications possibles de ce que l on contribue à découvrir ?
Politique et sociale . La science consomme des ressources (salaires, équipements, frais de fonctionnement) et ce sont les politiques - rarement de formation scientifique [5] - qui tiennent en général les cordons de la bourse : de quelle utilité sociale peut-on se prévaloir pour justifier aux yeux du politique / des contribuables les efforts consentis ? Les scientifiques sont aussi soumis à la loi de leur pays qui peut leur interdire certaines pratiques (par exemple, l expérimentation humaine), or les lois sont généralement votées au parlement, du moins dans les démocraties.
Ces questions n ont en général pas de réponse évidente, facile et faisant consensus ; elles sont néanmoins importantes pour les scientifiques eux-mêmes mais aussi pour l ensemble de la population humaine confrontée aux maladies, aux nouvelles méthodes pour les soigner, à la pollution, ses conséquences, les moyens éventuels d y remédier, à la nécessité d accroître la production agricole pour nourrir une démographie explosive, etc. Or rien, ou quasiment rien, dans la formation du scientifique ne le prépare d emblée à y répondre. Mais qu a-t-il en fait à en dire ? Il a, à condition d accepter de lever le nez de son guidon, sa pratique : ces heures justement à traquer l artefact, ce vécu de la pratique scientifique. Quand il parle de science, en particulier de son domaine, il sait de quoi il parle , il sait la difficulté de faire passer la pression résiduelle de 10 7 à 10 9 Torr, il sait aussi que s il n y arrive pas, son expérience ne marchera pas. Toutefois, quand il s adresse à des non-scientifiques, voire à des collègues de domaines suffisamment éloignés pour ne pas avoir de langage commun, il ne peut pas s abriter derrière la technicité de sa spécialité.
Le scientifique est ainsi un citoyen. Il est impliqué, qu il le veuille ou non, en tant que citoyen dans la bataille politique. C est une évidence, mais il peut avoir tendance à se désintéresser du chaos, des approximations, de la désinvolture, voire des malhonnêtetés de la vie politique, si étrangères en principe à la rigueur de la pratique scientifique. Ce désintérêt a longtemps été une position parfaitement tenable : « Moi, je fais de la science, le reste ne m intéresse pas » Mais il ne l est plus. C est ainsi.
La science et les scientifiques sont contestés de multiples façons : « Finalement, le progrès n est pas un si grand progrès que cela, on était mieux avant, les tomates avaient plus de goût », « les technologies de l information et de la communication sont en fait des machines à décerveler », « les sciences produisent de la pollution », « toutes ces armes nouvelles et terrifiantes sont vos enfants à vous les scientifiques », « la science n est qu une opinion parmi d autres » Sommés, aussi, de donner leur avis comme « expert » [6] sur des que

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