Religions et modernités politiques
147 pages
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Description

Religion et modernité politique sont-elles forcément incompatibles ? Pourraient-elles se renforcer mutuellement et établir des alliances conjoncturelles ou doivent-elles nécessairement s’ignorer l’une et l’autre ? L’expérience occidentale dans son rapport au religieux a-t-elle vocation à s’exporter, à s’universaliser, ou demeure-t-elle un cas de figure particulier propre au génie d’une civilisation ? Le politique peut-il s’affranchir du religieux et créer une éthique sociale commune ?
Huit auteurs, issus de cinq universités du Québec et de la France, se rassemblent pour jeter un éclairage nouveau sur la rencontre toujours riche d’enseignements entre traditions spirituelles et modernités politiques. Chacun à sa manière, et selon ses propres convictions, tente de répondre à diverses questions à partir de configurations nationales particulières ou de religions spécifiques, comme la Chine, les États-Unis, la France, Israël, l’Église catholique romaine.
Cet ouvrage intelligent et bien construit propose une réflexion informée, mesurée et stimulante sur des questions complexes et actuelles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 février 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760647039
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction d’André Simonyi et de Martin Poëti
RELIGIONS ET MODERNITÉS POLITIQUES
Les Presses de l’Université de Montréal


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Religions et modernités politiques / [sous la direction de] Martin Poëti, André Simonyi. Noms: Poëti, Martin, 1970- éditeur intellectuel. | Simonyi, André, 1962- éditeur intellectuel. Collection: PUM (Presses de l’Université de Montréal) Description: Mention de collection: PUM | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20220020833 | Canadiana (livre numérique) 20220020841 | ISBN 9782760647015 | ISBN 9782760647022 (PDF) | ISBN 9782760647039 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Religion et politique. | RVM: Religion et société civile. | RVM: Modernité—Aspect religieux. Classification: LCC BL65.P7 R443 2023 | CDD 201/.72—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 1 er trimestre 2023 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2023 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).





Après plusieurs siècles de tumultueuses confrontations, par-delà de vaines tentations de domination des unes sur les autres, ce livre est dédié à la conciliation harmonieuse des modernités politiques et des religions dans un horizon de renforcement mutuel.


Avant-propos
Aucun livre ne naît du vide. Le nôtre a été motivé par le désir d’éclairer une relation complexe, parfois conflictuelle, mais inévitable entre les grandes religions et les modernités politiques. Ces relations qui ont structuré les sociétés traditionnelles conditionnent de manière parfois subtile, mais toujours prégnante, l’organisation des sociétés contemporaines.
Notre époque turbulente semble défier et épuiser la modernité rationnelle alors que celle-ci aspire à séparer le divin du terrestre, le religieux du politique. Au XXI e siècle, le politique et le religieux reconfigurent leur relation, et ainsi, l’organisation des sociétés. Ce phénomène n’est ni isolé ni particulier, mais touche chaque recoin de notre humanité mondialisée. Aucune tradition religieuse ni tendance politique n’ont pu échapper à cette confrontation avec la modernité. Phénomène global, expérience locale, le religieux ne cesse de nous étonner par la richesse de ses expressions politiques et de renaître, aussi insaisissable qu’imprévisible, contre vents et marées, comme le phénix renaît de ses cendres. Inutile de traverser les siècles pour apprécier la résilience de la relation; la durée d’une vie humaine la confirme.
Qui aurait pu prédire que l’athéisme d’État de l’Union soviétique serait remplacé, à peine quelques décennies plus tard, par un regain d’intérêt pour l’orthodoxie s’apparentant de facto à une religion d’État? Et que dire de la virulence des campagnes maoïstes contre le confucianisme cédant désormais le pas aux exhortations des plus hautes instances du Parti communiste chinois à s’approprier la sagesse des grands classiques confucéens? Quel formidable contraste que celui de l’importance sans cesse croissante du secteur religieux dans la redéfinition de l’identité israélienne dans un pays principalement fondé, il y a un peu plus de sept décennies, par une majorité d’immigrants originaires d’Europe de l’Est, parfois athées, attachés à des idéaux situés à la gauche du spectre politique, soucieux d’une claire distinction entre le religieux et le politique. Et que penser de la popularité de l’idéologie de l’ hindutva , cette idéologie professée par les nationalistes hindous dans la plus grande démocratie au monde fondée sur une constitution séculariste depuis 1950? De l’engagement politique du mouvement évangélique, qui émerge dans les années 1970, dans le pays réputé pour être à la fine pointe de la modernité avancée, où le Premier Amendement garantit une séparation entre les Églises et l’État dont s’enorgueillissent les Américains? De la Turquie se réclamant de la laïcité depuis Mustafa Kemal Atatürk où s’exprime aujourd’hui un réagencement de l’islam et du pouvoir? Les exemples abondent.
Quelle problématique que la nôtre! Au moment où nous pensions les relations entre le politique et le religieux équilibrées par une sécularisation d’État, voici que le système se réajuste à nouveau. Mais cette fois, les réarrangements sont locaux, particuliers. Chaque politique redéfinit sa relation avec le religieux, de l’État à la communauté. Voici le sens de notre livre collaboratif: une archéologie des expériences particulières dans la redéfinition des rapports entre les religions et les modernités politiques.
Alors que nos sociétés mondialisées expérimentent une diversification croissante, le politique ne peut échapper à de constantes renégociations de leurs normes: avortement, aide médicale à mourir, port des symboles religieux, guerre ou laïcité ne sont que quelques exemples de la pénétration du monde des significations dans l’arène politique. Or, cette confrontation advient dans un contexte social où le politique peut de moins en moins compter sur une homogénéité de valeurs. Le morcellement des régimes de valeurs ramène le politique dans le domaine de l’arbitrage éthique: une tâche énorme au centre des prérequis pour la garantie de la paix sociale.
Quelle est la portée de cette renégociation constante entre le politique et le religieux au XXI e siècle? Le religieux constitue-t-il un obstacle à l’entrée des sociétés dans la modernité ou peut-il être à la source d’une reformulation du projet moderne? Religion et modernité politique sont-elles forcément incompatibles? Pourraient-elles dans certains cas se renforcer mutuellement? Doivent-elles s’ignorer, se regarder avec méfiance, établir des alliances conjoncturelles ou se fonder réciproquement? L’expérience occidentale dans son rapport au religieux a-t-elle vocation à s’exporter, à s’universaliser ou demeure-t-elle un cas de figure particulier, propre et exclusif au génie d’une civilisation? Peut-on envisager des modernités d’inspiration religieuse? Alors que la modernité sépare les domaines d’action, leurs mises en œuvre restent intimement liées. Le politique peut-il s’affranchir du religieux et créer une éthique sociale commune? Nous tenterons de répondre à ces questions à partir de configurations nationales particulières trouvées en Chine, aux États-Unis, en France, en Israël, en Ukraine, au Moyen-Orient et au Québec, ou à partir de religions spécifiques et du dialogue interreligieux.
L’importance de ce travail réside dans son approche critique. Les questions sociétales à l’intersection du politique et du religieux tendent à être polarisantes. Nous devons prendre du recul pour tenter une analyse objective de la situation et comprendre les enjeux afin de proposer des approches éclairées.
Il est malheureusement impossible, dans le cadre d’un seul livre, de présenter l’ensemble des évolutions dans les rapports entre le politique et le religieux, aussi étonnantes soient-elles. Elles témoignent toutefois de la capacité du religieux à resurgir dans des contextes aussi divergents qu’improbables.
Certains s’étonneront sans doute de l’usage du pluriel pour désigner les ordres politiques de l’ère moderne – les modernités politiques . L’intention est ici de refléter la diversité des pratiques contemporaines, fruit d’évolutions historiques distinctes. Ce choix procède aussi de la conviction qu’aucun modèle de gouvernance n’est normatif en matière de gestion de la pluralité religieuse et plus largement dans ses relations historiques avec le sacré. Aucun pays ne peut se targuer d’incarner à lui seul le modèle universellement souhaitable. Certes, les tentations, voire les prétentions, en ce domaine n’ont pas manqué!
Ce livre réunit les contributions de huit professeurs, issus de cinq universités, du Québec et de France, rassemblés afin de jeter un éclairage nouveau sur cette rencontre, toujours riche d’enseignements, entre traditions spirituelles et modernités politiques. Le lecteur y trouvera des analyses et des prises de position variées, sur des expériences nationales significatives en lien avec notre problématique de recherche.
André Simonyi et Martin Poëti


Introduction Peut-on concilier Sens et modernité?
Martin Poëti
«La modernité consomme du sens sans en créer.»
Rémi Brague
Après plusieurs millénaires de relative stabilité et d’apparente éternelle continuité des sociétés traditionnelles, rien ne présageait l’avènement de la révolution moderne, raz-de-marée gagnant dans leurs moindres détails tous les aspects de la vie humaine et dont la portée ne peut être comparée qu’à celle de l’émergence d’une nouvelle religion.
Le concept de modernité, ainsi que la myriade de notions qui lui sont apparentées – raison, progrès, autonomie, humanisme, sécularisation, laïcité, libéralisme, république, état de droit, égalité, économie de marché –, comporte un incontestable défi définitionnel. Cependant, la subjectivité constitue le cœur même de la modernité. Entreprise autoproclamée d’émancipation, l’ autonomie – du grec auto (soi) et nomos (loi) – définit sans doute le mieux l’essence même du projet moderne: désormais, le sujet se régit lui-même. Il ne trouve plus passivement son foyer de Sens, la source de ses normes de comportement et des significations hors de lui, dans un cosmos ou une loi naturelle qui lui sont antérieurs ou dans un Dieu extérieur. La transcendance ne s’impose plus à lui par la force d’une tradition religieuse immé

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