Une GUERRE SOURDE
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Description

Les années 1920 ont été le théâtre de la montée en puissance de l’Union soviétique et de l’alignement des pays occidentaux contre le « péril rouge ». Cette histoire, qui pourrait s’intituler « La première véritable guerre froide », a le plus souvent été racontée du point de vue des puissances de l’Ouest. Mais avec l’effondrement de l’URSS, dans les années 1990, l’accès aux archives soviétiques a permis de jeter un tout nouvel éclairage sur cette période. Replacées dans leur juste contexte par le travail méticuleux et acharné de Michael J. Carley, et accompagn.es de documents de sources britannique, française, allemande et américaine, dont plusieurs inédits, ces archives nous livrent le récit — décrit de l’intérieur — des premières années de l’État soviétique.
En faisant une large place à l’humain, l’auteur illustre, non sans humour, le rôle essentiel d’individus comme Joseph Staline ou Léon Trotski, et leur influence sur la politique étrangère, qui se déploya dans des arènes assez éloignées de Moscou, notamment en Turquie, en Perse, en Afghanistan et, particulièrement, en Chine. Il retrace avec précision les positions et les interventions publiques — et surtout privées — des personnages de ce récit historique, et brosse un portrait vivant de la diplomatie des ann.es 1920 et des relations de l’URSS avec l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les États-Unis et la France. L’actualité insufflant un véritable regain d’intérêt pour la Russie, ce livre saura captiver les érudits comme les amateurs.
Michael J. Carley est professeur-titulaire au Département d’histoire de l’Université de Montréal. Il poursuit depuis plusieurs décennies sa recherche sur les relations entre l’URSS et les pays occidentaux, notamment de 1917 à 1945.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 septembre 2016
Nombre de lectures 4
EAN13 9782760636378
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Michael Jabara Carley
UNE GUERRE SOURDE
L’émergence de l’Union soviétique et les puissances occidentales
Traduit de l’anglais (Canada) par Michel Buttiens avec la collaboration de Marie-José Raymond
Les Presses de l’Université de Montréal
Вода камень точит
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Carley, Michael Jabara, 1945- [Silent conflict. Français] Une guerre sourde: l’émergence de l’Union soviétique et les puissances occidentales (PUM) Traduction de: Silent conflict. Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3635-4 1. URSS - Relations extérieures - Europe de l’Ouest - Histoire. 2. Europe de l’Ouest - Relations extérieures - URSS - Histoire. 3. URSS - Relations extérieures - 1917-1945 - Histoire. I. Titre. II. Titre: Silent conflict. Français. III. Collection: PUM. D34.S65C3714 2016 327.4704 C2016-941601-1 Mise en pages: Folio infographie ISBN (papier): 978-2-7606-3635-4 ISBN (pdf): 978-2-7606-3636-1 ISBN (ePub): 978-2-7606-3637-8 Dépôt légal: 3 e trimestre 2016 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2016 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC). Elles remercient également le gouvernement du Canada de son soutien financier pour ses activités de traduction dans le cadre du Programme national de traduction pour l'édition du livre.

Table des matières
AVANT-PROPOS
ABRÉVIATIONS, ACRONYMES ET JARGONS
REMERCIEMENTS
NOTES BIOGRAPHIQUES
CHAPITRE UN
Le commencement
CHAPITRE DEUX
«Nous devons faire du commerce et elles aussi»
CHAPITRE TROIS
Quelle orientation pour la politique soviétique?
CHAPITRE QUATRE
«Contraints par des réserves»
CHAPITRE CINQ
«Protégez l’argenterie familiale»
CHAPITRE SIX
«Doucement! Ne nous énervons pas!»
CHAPITRE SEPT
Des principes et des représailles
CHAPITRE HUIT
«L’aveugle et le boiteux»
CHAPITRE NEUF
Peur des Rouges, peur de la guerre
CHAPITRE DIX
«Colossale infortune»
CHAPITRE ONZE
«Les temps sont propices à toutes les suspicions»
CHAPITRE DOUZE
«Toujours un atout dans notre jeu»
CONCLUSION
Démêler les choses
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE


Avant-propos
L’étude de l’histoire de la politique étrangère soviétique ou des relations soviétiques avec le monde occidental est parsemée d’embûches. Jusqu’au début des années 1990, les archives soviétiques étaient absolument inaccessibles. Après l’effondrement et le démembrement de l’Union soviétique en 1991, on a assisté à leur ouverture graduelle, mais celle-ci est demeurée partielle. Il pouvait arriver que des documents soient dévoilés pour aussitôt redevenir secrets. Les archivistes soviétiques conservaient des dizaines de milliers de dela , ou dossiers, et, ne sachant pas toujours ce qu’ils contenaient, se montraient réticents à en donner l’accès aux chercheurs. Cela inclut les importantes archives du parti de l’entre-deux-guerres des Rossiiskii gosudarstvennyi Arkhiv sotsial’no-politicheskoi istorii (RGASPI) et les documents diplomatiques de l’Arkhiv vneshnei politiki Rossiiskoi Federatsii (AVPRF), les archives du ministère russe des Affaires étrangères. L’AVPRF présentait et présente encore toutes sortes d’obstacles. Pour les chercheurs, qui n’ont pas accès aux inventaires, c’est un peu comme s’ils jouaient au poker lorsqu’ils demandent des dossiers aux archivistes. On peut tomber sur des dossiers intéressants... ou non; en somme, on gagne ou on perd. Pendant de nombreuses années, les ordinateurs étaient interdits. Quant aux photocopies, leur coût était ahurissant. Il fallait s’habituer à ces inconvénients et apprendre à travailler malgré eux. L’émoi suscité par les nouvelles découvertes et l’exploration de terres inconnues permettaient d’oublier les nombreux irritants.
L’APRF, ou archives présidentielles, renferment les documents expédiés au secrétariat de Joseph Staline. Bien qu’elles demeurent inaccessibles, d’importantes collections de dossiers de l’APRF ont été publiées 1 . Si les chercheurs ne disposent pas encore d’un plein accès à l’ensemble des archives soviétiques, celles qui sont aujourd’hui mises à leur disposition leur permettent désormais de créer de nouveaux récits et de tirer des conclusions inédites, notamment en ce qui concerne les questions et les difficultés auxquelles ont dû faire face les responsables de l’élaboration des politiques russes pendant les premières années de l’Union soviétique, dans les années 1920. Le récit qui suit s’arrête au début de l’année 1930, à la veille de la longue ligne droite menant à la Seconde Guerre mondiale et à la formation de la Grande Alliance qui s’est dressée devant les forces de l’Axe.
Comme le lecteur ne tardera pas à s’en apercevoir, cet ouvrage est ancré dans les sources des archives soviétiques. Il donne la parole aux dirigeants soviétiques qui ont fait la Révolution russe et dirigé l’Union soviétique à ses débuts. Le lecteur ne manquera pas de reconnaître des noms familiers comme ceux de Lénine, Trotski et Staline, mais il rencontrera aussi au fil de ce récit d’autres acteurs, moins connus, qui ont joué un rôle important dans l’histoire qu’il s’apprête à lire, notamment Tchitcherine, Dovglalevski, Ioffe, Krassine, Karakhan, Krestinski, Litvinov, Maiski, Rakovski et Stomoniakov.
Ces diplomates faisaient partie de la première génération de représentants soviétiques qui ont fait face à «l’Occident» et qui se sont chargés de tailler une place à l’Union soviétique dans le monde. Principalement issus de l’élite de la classe moyenne de la Russie tsariste, rarement des travailleurs ou des paysans, ils avaient des connaissances approfondies du droit, de l’histoire, de la philosophie, de l’économie et de la médecine. Ils étaient polyglottes, cultivés et érudits. Certains d’entre eux avaient fait des études universitaires; d’autres, autodidactes, avaient accumulé des connaissances pendant leur séjour dans les prisons du tsar. Beaucoup avaient échappé à l’incarcération ou à l’exil en Sibérie et effectué de longs séjours en Europe avant l’éclatement de la révolution en 1917. Par leur allure et leur tenue, cravates de soie, vestes et pantalons de laine, ils se fondaient à la bourgeoisie dont ils étaient issus. Ils ne transportaient ni grenades dans leurs poches, ni pistolets à la ceinture. Pas plus qu’ils ne ressemblaient aux caricatures des anarchistes bolcheviques crasseux, armés de bombes fumantes et de longs couteaux couverts de sang. Ces diplomates faisaient preuve de dévouement envers l’État soviétique, qu’ils avaient contribué à bâtir. Il s’agissait d’hommes courageux, parfois aussi de femmes, qui avaient souvent risqué leur vie pendant la révolution et la guerre civile subséquente. Ils n’ignoraient pas qu’en cas d’échec de la révolution, personne ne ferait preuve de pitié à leur égard. C’était la victoire ou la mort.
Les protagonistes soviétiques de ce récit s’adresseront directement à vous, lecteur ou lectrice, par l’entremise des articles, notes de service, lettres et rapports qu’ils ont laissés derrière eux et qui ont été conservés dans les archives russes, pour plusieurs dans un excellent état, comme s’il s’agissait de documents récents. Il n’y aura pas d’intermédiaires pour en filtrer le contenu.
Par «intermédiaires», j’entends leurs homologues d’Europe occidentale et des États-Unis. Jusque dans les années 1990, les historiens étaient obligés de se fier à des sources et à des archives occidentales pour dépeindre les relations étrangères de l’Union soviétique. Encore aujourd’hui, certains historiens écrivent sur l’Union soviétique et ses relations internationales sans jamais recourir aux sources russes 2 .
Les chercheurs n’ayant pas accès aux archives soviétiques, ils dépendaient des jugements et des préjugés des fonctionnaires occidentaux, français, britanniques et américains, par exemple, qui haïssaient les bolcheviks et tous leurs travaux. Naturellement, les historiens ont été portés à voir leurs interlocuteurs soviétiques à travers un prisme anticommuniste qui déformait les véritables motifs et objectifs soviétiques. Ainsi, les historiens ont souvent repris les préjugés de personnages historiques occidentaux, se portant même à leur défense et présentant leurs opinions comme des faits.
Cela a conduit à des erreurs factuelles ou de perception dans l’analyse de la politique étrangère soviétique, et ce, même chez les meilleurs chercheurs et journalistes du domaine. Louis Fischer, un journaliste américain qui a interviewé un certain nombre de diplomates soviétiques au cours des années 1920, a affirmé qu’il existait une division entre factions pro-allemande, probritannique et profrançaise 3 . Cela est faux. Comme le lecteur pourra le constater, les diplomates soviétiques n’étaient ni pro-allemands ni probritanniques; ils étaient prosoviétiques et considéraient les relations avec les États occidentaux en fonction des intérêts nationaux russes.
Le regretté E. H. Carr, éminent historien britannique, a écarté le modèle de «politique bureaucratique» selon lequel la politique étrangère soviétique faisait l’objet de rivalités intragouvernementales. Selon lui, il n’existait aucune divergence de politique. C’est le Politburo, ou le cabinet soviétique, qui décidait de tout. Le NKID, ou commissariat aux Affaires étrangères, n’avait aucune politique, pas plus qu’il n’exerçait la moindre influence. Il n’y avait pas non plus de scission entre les «modérés» du NKID et les «têtes br

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