Contrôleur général des lieux de privation de liberté : rapport annuel 2008
211 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
211 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Jean-Marie Delarue, nommé Contrôleur général des lieux de privation de liberté le 13 juin 2008, a présenté son premier rapport au mois d'avril 2009. Ce rapport propose un bilan de son activité : 144 courriers reçus entre le 1er juillet et le 31 décembre 2008 ; 68% des saisines sont le fait de la personne privée de liberté ou de son conseil ; 86% des saisines sont relatives au fonctionnement des établissements pénitentiaires ; 42% des saisines ont donné lieu à une enquête auprès des autorités concernées ; 52 établissements ont été visités entre le 15 septembre et 31 décembre 2008. Outre ce bilan, le Contrôleur général a souhaité d'une part présenter dans ce rapport les principaux constats opérés à l'issue des 52 visites effectuées en 2008, d'autre part, développer plus particulièrement deux thèmes : les registres de garde à vue ; l'intimité dans les lieux de privation de liberté. Enfin, trois rapports de visite accompagnés des observations des ministres concernés sont publiés dans ce rapport annuel. Ils concernent la maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône, le local de rétention administrative de Choisy-le-Roi et le centre hospitalier spécialisé de Bassens.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 avril 2009
Nombre de lectures 16
Licence : En savoir +
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

ontrôleur
général
des LIEUX
de PRIVATION
deiberté
dignité
liberté intimité
centre d’expression
éducatif respect fermé
maintien des liens familiaux
hôpitaux
psychiatriques prisons
garde à vue accès
aux rétention
soinsadministrativeAnnée
zone d’attente2008
Rapport annuel
Le Contrôleur général
des lieux de privation de liberté
Rapport d’activité 2008 Contrôleur général des lieux de privation de liberté – Rapport d’activité 2008 2

Avant-propos

On a un peu oublié à présent ce jeu d’autrefois qui consistait à placer une feuille de papier
transparent sur une surface, à frotter le papier avec une mine de crayon très gras, et à faire
apparaître sur le papier à l’enfant étonné, une figure qui ne pouvait pas se voir.
Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté ne prend pas cette métaphore pour faire
comprendre qu’il est un gratte-papier : ce n’est certes pas là sa vocation. Il veut signifier que le
pouvoir exécutif et le législateur, en le créant, par la loi du 30 octobre 2007 et, pour le premier, en
procédant à sa nomination (après avis du second) permettent à une institution de la République de
donner progressivement à voir ce qui, jusqu’alors, était mal connu, malgré les efforts de
beaucoup.
Non pas que la réalité de la garde à vue, de la rétention des étrangers, de l’hospitalisation sous
contrainte ou de la détention soit ignorée de ceux qui sont « passés par là » et qui, en général, ne
le font guère savoir, ni de ceux, nombreux et souvent admirables, qui travaillent dans ces lieux.
Mais enfin, il s’agit là d’univers placés en principe hors de la vue collective, au-dessous, en
quelque sorte, de l’horizon social. Il s’agit de les placer désormais au-dessus.
Cela ne se fera pas en un jour. Au cours des six mois de son existence, le contrôle général ne
prétend pas en avoir fini du dessin à faire apparaître, ni d’ailleurs du dessein à transformer. Ce
qu’il livre ici, ce sont ses premiers traits. Non des impressions subjectives ni des sentiments. Mais
des faits qui résultent des courriers qu’il a reçus et des visites qu’il a entreprises, toujours soumis à
un échange contradictoire ; fondés, on ne doit pas en douter, sur un examen aussi rigoureux que
possible. On trouvera notamment ci-après des indications sur ce qui apparaît d’évidence dans les
principales catégories d’établissements visités, sur les registres de garde à vue et la manière dont
ils sont tenus, sur l’intimité des personnes privées de liberté. On trouvera aussi l’intégralité de
quelques rapports, y compris les observations des ministres que les constatations des contrôleurs
ont appelées. On trouvera enfin, au fil des pages, des invitations à modifier l’état des choses,
puisqu’il n’est pas satisfaisant.
L’équivalent d’une vingtaine de personnes à temps plein, dont la liste figure dans le rapport,
qui constitue le contrôle général, a travaillé avec beaucoup de volonté et d’intelligence au
traitement de cette information ici restituée, dans une entente exceptionnelle, facilitée par la
diversité des origines et des trajectoires. Je voudrais que chacun d’eux, avant toute chose, soit
assuré de ma gratitude. Celle-ci va aussi à tous ceux qui, connus ou inconnus, libres ou non, de
manière personnelle ou collectivement, sans le savoir ou dans la souffrance, ont permis à la
dignité de l’être humain, privé de liberté, ou de celui qui le garde, d’être mieux établie. Les
progrès qui doivent se poursuivre dans les lieux de privation de liberté seront le meilleur
hommage à ce qu’ils ont accompli.

Jean-Marie DELARUE
Contrôleur général des lieux de privation de liberté – Rapport d’activité 2008 3

Chapitre 1 - Bilan d’activité du Contrôleur général des
lieux de privation de liberté en 2008


Comme il avait été indiqué devant les commissions parlementaires dès avant la nomination du
Contrôleur général, la haute idée qu’on peut se faire de l’indépendance conférée par la loi à
l’institution a pour contrepartie nécessaire, notamment, la transparence de celle-ci à l’égard du
plus grand nombre. Le bilan de l’activité du Contrôleur général des lieux de privation de liberté
six mois après sa nomination, par décret du 13 juin dernier, a pour objet de permettre à chacun de
se faire une idée aussi précise que possible de ce qui a été fait. Il conduit à mettre en lumière les
éléments suivants.
1 Installation
1.1 Emplois
Selon les données prévues en loi de finances 2008, dix-huit agents ont été recrutés, dont le
1contrôleur général et son adjoint, secrétaire général, onze contrôleurs à temps plein et quatre
personnes composant les « services » de l’organisme (respectivement ressources humaines,
finances, documentation et presse, secrétariat). Comme la ministre de la justice s’y était engagée
durant les débats préliminaires de la loi du 30 octobre 2007, des intervenants à temps partiel, pour
la plupart retraités, ont été également engagés en qualité de contrôleurs.
Soit au total vingt contrôleurs en équivalent temps plein, suffisants pour réaliser en 2008 les
missions dévolues au contrôle général.
En raison de l’afflux des candidatures (plusieurs centaines), une équipe expérimentée et
pluridisciplinaire a été constituée dès la fin du mois de juillet, comprenant des magistrats, des
directeurs des services pénitentiaires, des médecins, des avocats, des personnes issues
d’associations, un directeur d’hôpital psychiatrique, des commissaires de police, un officier
général de gendarmerie, une directrice d’insertion et de probation… Malgré l’envie qu’il pouvait
en avoir, le Contrôleur général n’a pas procédé au recrutement d’anciens détenus, en raison de la
disposition du décret n° 2008-246 du 12 mars 2008 relatif au Contrôleur général qui écarte des
emplois de contrôleur les personnes dont le bulletin n° 2 du casier judiciaire fait mention d’une
condamnation.
La plupart de ces contrôleurs sont placés au contrôle général en position de détachement,
comme le prévoit le décret du 12 mars 2008. Pour ceux des contrôleurs qui exercent une autre
fonction, un arrêté interministériel du 13 novembre 2008 (publié au Journal officiel du
23 novembre) a déterminé les montants de leur rémunération. Leur nomination au contrôle
er ergénéral à compter du 1 septembre ou du 1 décembre 2008 a été publiée au Journal officiel du
6 septembre et du 30 décembre.
Il convient de noter cependant que, du point de vue des effectifs, les faits ne se sont pas tout à
fait déroulés conformément aux prévisions des textes.

1Un douzième, recruté dès juillet 2008, n’est pas administrativement rattaché encore au contrôle général en 2008.
Contrôleur général des lieux de privation de liberté – Rapport d’activité 2008 4

On se souvient que, durant les débats préparatoires de la loi instituant le Contrôleur général des
lieux de privation de liberté, certains parlementaires s’étaient inquiétés de la modestie de ses
effectifs prévus en loi de finances. La garde des sceaux avait précisé en réponse à ces
préoccupations qu’un décret permettrait au contrôle général de recourir à des experts divers pour
des missions partielles.
Le décret du 12 mars 2008 a parfaitement répondu à cet objectif. Son article 3 dispose que des
personnes ayant une activité rémunérée peuvent, sans aucunement renoncer à celle-ci, apporter
leur concours au contrôle général, de manière continue ou intermittente. Ce concours, comme il a
été indiqué précédemment, est rémunéré forfaitairement (on doit comprendre : e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents