Les Excuses dans la diplomatie
146 pages
Français

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Description

Préface de Dario Battistella
« En s’appuyant sur le cas de l’incident de Hainan, Jérémie Cornut propose une analyse originale du rôle des excuses dans la diplomatie et la politique internationale. L’auteur croise différentes traditions théoriques et produit un modèle d’analyse à la fois cohérent et éloquent.
Ce pluralisme sans concession offre une défense audacieuse de l’éclectisme analytique dans la théorie des relations internationales. »
Rudr a Sil , Professeur, Département de science politique, University of Pennsylvania
« Si l’éclectisme analytique est à la mode en Relations internationales, peu de chercheurs savent comment le mettre en oeuvre dans leurs travaux. Jérémie Cornut élabore une méthode brillante de simplicité et d’efficacité pour combiner diverses approches dans l’explication de la politique mondiale. Voilà un livre fort utile qui permet de repenser la théorie dans ses applications pratiques. »
Vincent Pouliot , Professeur agrégé et directeur, Centre for International Peace and Security Studies (CIPSS), McGill University
« Jérémie Cornut offre l’occasion de sortir du monologue narcissique sur l’état et l’avenir de la théorie, pour recentrer notre attention sur son objet d’étude. Il nous rappelle que, comme toute science sociale qui se respecte, les Relations internationales doivent s’adapter à la nature et à la complexité du réel, loin de tout parti-pris idéologique. Sa présentation rigoureuse du pragmatisme problem-driven est doublée d’une démonstration de sa valeur empirique qui, au-delà du cas d’étude, ne manquera pas d’éveiller l’intérêt de tous ceux qui tentent, avec toujours plus d’urgence, de faire sens d’un monde irrémédiablement complexe. »
Inanna Hamat i-Ataya, Reader in International Politics, Aberystwyth University
Jérémie Cornut, spécialiste de la diplomatie de crise et de la théorie des relations internationales, est titulaire d’un doctorat de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Il est post-doctorant à l’Université McGill.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 septembre 2014
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760634237
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La collection «Politique mondiale» est dirigée par Stéphane Paquin et Stéphane Roussel.

Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Cornut, Jérémie Les excuses dans la diplomatie américaine: pour une approche pluraliste des relations internationales (Politique mondiale) Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-7606-3421-3 1. États-Unis - Relations extérieures. 2. Diplomatie. 3. Relations internationales. I. Titre. II. Collection: Politique mondiale (Presses de l’Université de Montréal). JZ1480.C67 2014 327.73 C2014-941953-8 Mise en pages et epub: Folio infographie ISBN (papier): 978-2-7606-3421-3 ISBN (pdf): 978-2-7606-3422-0 ISBN (epub): 978-2-7606-3423-7 Dépôt légal: 3 e trimestre 2014 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2014 www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour leurs activités d’édition. Elles remercient également de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
À Dounia
C’est pure folie que d’oser vouloir comprendre les affaires du monde […]. Heureusement, il y a au moins deux moyens qui peuvent nous faciliter la tâche. Le premier exige de l’humilité ainsi que le désir de comprendre […]. Deuxièmement, mais cela est tout aussi important, nous pouvons résolument nous appuyer sur les principales applications de la théorie pour nous aider à mettre un peu d’ordre dans le chaos apparent auquel nous faisons face.
Rosenau, 1996: 309-310
Préface
«À quoi bon les théories des relations internationales?» Telle est la question volontiers posée par les étudiants aux professeurs qui enseignent ces dernières. «À moins mal comprendre les événements et les processus internationaux», répondent lesdits professeurs, «à les décrire rigoureusement pour expliquer leurs causes et leurs conséquences, voire à prévoir ce qui peut se passer dans le futur et éventuellement prescrire quoi faire pour que telle chose advienne et que telle autre chose n’advienne pas». «Mais pourquoi alors passez-vous le plus clair de votre temps à critiquer les théories de vos collègues?», rétorquent les étudiants, toujours aussi insolents. «Si plusieurs théories existent, n’est-ce pas parce qu’elles doivent toutes avoir leur raison d’être et doivent contribuer à améliorer les descriptions et les explications scientifiques, non?»
S’il est vrai, à l’instar de la vérité sur les parents qui sort de la bouche des enfants, que la vérité sur les professeurs sort de la bouche des étudiants, alors la seconde question posée par ces derniers résume on ne peut mieux l’impasse à laquelle a fini par aboutir la discipline des Relations internationales. Au bon sens des étudiants, les professeurs répondent en effet le plus souvent par un silence embarrassé. Et pour cause: ils sont conscients que le noble but qui les a amenés à choisir l’université – contribuer à se rapprocher de la vérité scientifique – a fini par céder la place à des buts autrement prosaïques une fois qu’ils sont entrés à l’université, tel que tenter de contrôler le champ scientifique en excommuniant toute parole différente de la leur.
C’est un dépassement de cette contradiction qu’appelle de ses vœux le tournant dit pluraliste de la discipline. Venant après la succession des débats inter-paradigmatiques qui, depuis la naissance de la discipline des Relations internationales, ont divisé celle-ci en autant d’approches quasi sectaires, ce tournant prône la combinaison pragmatique des apports de chacune d’entre elles en s’appuyant sur l’hypothèse que la compréhension de la complexité de la réalité internationale exige de ne se passer d’aucune d’entre elles. Ce tournant, à l’image de ce qui se passe dans les Relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, s’est opéré dans les universités américaines. Mais depuis peu, des chercheurs francophones ont commencé à y contribuer et le présent ouvrage, issu de la thèse de doctorat de Jérémie Cornut, en constitue la meilleure preuve.
La recherche qui y est exposée fournit un double apport. En premier lieu, Jérémie Cornut propose un résumé pédagogique du tournant pluraliste, de ses origines et de son évolution et répond aux critiques le plus souvent émises à son endroit par les partisans des approches paradigmatiques, livrant un plaidoyer convaincant en faveur du pragmatisme en Relations internationales. En second lieu, il aborde le thème des excuses diplomatiques, délaissé dans l’étude des relations internationales et, mieux, c’est-à-dire conséquent avec lui-même, il combine postulats épistémologiques et hypothèses ontologiques pour montrer de façon rigoureuse la pertinence de son approche éclectique à partir du cas des excuses présentées par les États-Unis à la Chine lors de l’incident de Hainan.
Ainsi, l’ouvrage de Jérémie Cornut ne prouve pas seulement que le progrès scientifique en Relations internationales, c’est-à-dire l’accumulation des connaissances, est possible. Il montre aussi de façon convaincante qu’une méthode pluraliste combinant des approches multiples respectueuses les unes avec les autres, est la seule façon de contribuer à l’avènement d’une science des Relations internationales susceptible d’avoir une utilité sociale, une finalité trop souvent perdue de vue – sinon carrément méprisée – par un certain nombre de théoriciens se complaisant d’autant plus dans leur tour d’ivoire qu’ils sont persuadés de leur supériorité intellectuelle et qu’ils dédaignent de mettre la main à la pâte.
Bref, les partisans des approches paradigmatiques mutuellement exclusives les unes des autres vont d’abord devoir répondre aux arguments que Jérémie Cornut avance en faveur d’une approche pragmatique s’ils veulent justifier la poursuite de leurs querelles de chapelle. Dans tous les cas, l’auteur de cette préface est persuadé que les lecteurs de cet ouvrage pionnier trouveront autant d’intérêt à le lire qu’il a eu du plaisir à rédiger ces quelques lignes de présentation.
Dario Battistella
Sciences Po Bordeaux
Introduction
Cet ouvrage s’intéresse principalement à la manière dont plusieurs théories des relations internationales peuvent être combinées sans créer d’incohérence et introduit le pragmatisme dans les Relations internationales. Il faut d’entrée de jeu noter que l’on adopte ici le critère de distinction usuel entre «relations internationales» et «Relations internationales», le premier désignant l’objet d’étude et le second la discipline qui l’étudie. Ce livre, donc, prend comme point de départ le fait que la discipline manque d’outils pour penser la combinaison théorique que de nombreux internationalistes, lassés par la «guerre des paradigmes», appellent de leurs vœux, même si très peu d’entres eux ont examiné la façon de réfuter les objections dont elle est l’objet.
Si la combinaison est ici étudiée en tant que telle, elle n’est pas défendue pour elle-même, mais parce qu’elle permet des analyses qui tiennent compte de la complexité de la réalité sociale. C’est là une entreprise particulièrement importante, puisque, comme on le verra mieux plus loin, tous les phénomènes internationaux peuvent être considérés comme complexes – un phénomène international simple n’est jamais simple en lui-même, il est en fait simplifié par l’analyste. Sur cette question, les internationalistes sont, là encore, souvent convaincus que leurs théories éclairent différents aspects d’un phénomène donné. À cet égard, ils admettent régulièrement qu’ils le simplifient et que l’utilisation de plusieurs cadres théoriques permettrait de tenir compte de sa complexité. Malgré cela, la plupart d’entre eux hésitent à combiner les théories, pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons.
La présente étude ne se contente pas de défendre abstraitement la combinaison, elle montre que celle-ci apporte effectivement une plus-value significative aux internationalistes. La moitié de l’ouvrage vise donc à illustrer concrètement cette approche et à démontrer la pertinence des concepts introduits. Les raisons pour lesquelles nous avons choisi d’étudier les excuses dans la diplomatie américaine seront exposées plus loin; limitons-nous pour l’instant à indiquer que cela s’explique par l’intérêt renouvelé que manifestent les internationalistes à l’égard de la diplomatie et des échanges auxquels elle donne lieu (Melissen, 2011; Wiseman, 2011; Sending, Pouliot, Newman, 2015).
Comme l’affirme James Rosenau dans la citation placée en épigraphe, les acteurs des relations internationales et leurs interactions sont innombrables et la politique internationale est complexe. Cela lui fait dire qu’«oser vouloir comprendre les affaires du monde est de la folie pure». Face à ces difficultés, cet ouvrage répond à sa double invitation, et mène une recherche qui demeure limitée – qui accepte de rester incomplète – tout en utilisant les outils théoriques disponibles. Nous introduirons pour cela dans les Relations internationales des concepts issus de la philosophie contemporaine, et plus particulièrement du pragmatisme et de la logique des questions. Ces concepts aident à répondre à certaines questions théoriques et méta-théoriques que la discipline se pose actuellement.
Le transfert dans les Relations internationales de réflexions provenant de la philosophie des sciences est devenu plus fréquent depuis les années 1980, époque au cours de laquelle les questions épistémologiques ont progressivement acquis une grande importance. La philosophie des sciences a en effet permis d’enrichir la théorie des relations internationales

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